Jovenel Moïse a connu pas mal de protestations depuis son arrivée au pouvoir en 2017. «Lwa kriminèl», diverses versions de «pays lock», mobilisation pour réclamer la rédition de compte (procès Petro Caribe) ou sa démission, le siège était bien chaud. Et voilà qu’arrive une situation où le chef de l’État pourrait lui voir approcher vers la fin de son mandat, sans la moindre contrainte.
Si le COVID-19 boulverse le monde entier, fait chuter les économies et montre la faiblesse sanitaire des grands pays, il semblerait pourtant être bénéfique pour certains. En effet, le président haïtien qui a essuyé plusieurs éjections avortées à la tête de l’État pourrait connaître mieux à l’avenir. La raison, le monde entier se focalise actuellement sur le comment éradiquer cette pandémie ou tout au moins, les haïtiens, pensant à comment ne pas le contracter ou éviter la catastrophe, passent au second degré les problèmes politiques. La majorité des membres de l’opposition fait profil bas ou se lance dans la sensibilisation anticoronavirus. Le Dr Junot Félix occupe les espaces médiatiques pour conscientiser la population, Youry Latortue distribue des masques. Pas de temps pour questionner le quoi faire des ministères. Absence continue de certains, présence remarquable d’autres comme le Ministère de la Santé Publique, des Affaires Sociales et du Travail, de la Planification qui sont, d’ailleurs, les plus concernés par cette situation accablante.
Où sont passés André Michel, Jean-Charles Moïse, Antonio Chéramy, Shiller Louidor, Abel Loreston, Thimothé Rony et toute la bande qui en découle? Silence assourdissant. Dans la foulée, le gouvernement prend des décisions relatives à la gestion de la crise. Des celllules et commissions déjà créés, la gestion du pays va de bon train, personne n’en parle. Aussi, la rue est plutôt calme, aucune protestation politique. Les policiers qui ont occupé l’actualité les mois écoulés, satisfaits de pouvoir enfin créer le SPNH, regagnent leur base et servent la république.
Ainsi, Jovenel Moïse, en bon «Ti David», se faufilera au travers de cette crise pour boucler son quinquennat. Plus de trois ans au pouvoir, le passage de la pandémie sur le territoire et même la post-pandémie lui sera favorable. Dans quelques mois, il aura 4 ans, ce qui signifiera la fin de son mandat. Il vainquera ainsi les «Goliath» de la politique haïtienne et deviendra l’un des rares présidents haïtiens ayant terminé son mandat.
