Politique

Le parti politique “Konstwi Lavi” exige La démission immédiate Du premier Ministre Jouthe

(TripFoumi Enfo) – Dans une lettre ouverte datée du 21 décembre 2020, acheminée à notre rédaction, le Parti Politique Konstwi Lavi réclame la démission immédiate du chef du gouvernement, Joseph Jouthe. Ce, a en croire le parti, le chef de la primature est incapable de doter le pays d’une bonne gouvernance.

Cette démission facilitera au Président Jovenel Moïse d’entamer des consultations avec l’opposition et la société civile en vue, poursuit la structure, de la désignation d’un nouveau Premier Ministre avec un nouveau cabinet ministériel capable de rétablir l’harmonie dans le pays à l’approche de la date du 07 février 2021, marquant la fin constitutionnelle du mandat présidentiel.

Veuillez lire ci-jointe l’intégralité de la lettre :

Port-au-Prince, le 21 décembre 2020

Lettre ouverte au Premier Ministre Jouthe JOSEPH

Demande de démission
Monsieur le Premier Ministre,

Savez-vous qu’aujourd’hui, le droit est une affaire de contrôle? Le professeur de droit constitutionnel, Me Sonet SAINT-LOUIS, l’a si bien exprimé et explicité dans un texte publié sur les réseaux sociaux au début du mois de juillet 2020. Pourtant, il ne fait aucun doute que les actions de votre gouvernement traduisent visiblement et quotidiennement une négation de l’État de droit, de la démocratie et du respect des droits humains. Depuis plusieurs mois, votre mauvaise gouvernance à coup de décrets remet profondément en cause les acquis démocratiques découlant de la grande victoire de nos ancêtres á Vertières en 1803 sur les colons français et de l’inoubliable mobilisation de la jeunesse haïtienne ayant provoqué la chute de la dictature duvaliériste le 7 février 1986.

Les décisions prises, de jour en jour, par votre gouvernement inquiètent plus d’un et tendent á plonger la République dans une situation de chaos intenable et sans précédent. Quelques deux mois, avant votre accession au poste de Premier des Ministres, vous étiez encore Ministre de l’Économie et des Finances quand le Président Jovenel Moise a constaté en janvier 2020 la caducité du Parlement haïtien, véritable institution de contrôle des actions gouvernementales; la plus grande, d’ailleurs. Vous êtes-vous jamais posé cette question, même une seule fois, à savoir : de mars 2020 à date, qui contrôle vos actions, les actes administratifs et financiers de l’équipe gouvernementale en fonction ? Vous faites fi totalement de la constitution en vigueur et des Lois de la République. Vous êtes juge et parti, vous êtes exécutif et législatif á la fois, vous choisissez volontairement et automatiquement d’embrasser la voie de la corruption de façon active, quoique punie et réprimée par les lois haïtiennes et des instruments internationaux ratifiés par Haïti. De plus, les délais prévus par la constitution pour réaliser les élections et renouveler intégralement la Chambre des Députés et les deux Tiers du Sénat n’ont pas été respectés par l’Éxécutif. Pire, votre Gouvernement, arrivée en mars 2020 pour juguler la crise, n’a fait que compliquer davantage la situation, et aurait même choisi de laisser l’année terminée sans la réalisation de ces élections, combien importantes pour l’oxygénation des institutions républicaines, et redonner vie et espoir à toute la société.

A noter qu’après la création du Conseil Électoral Provisoire et la nomination, par arrêté, du conseil consultatif indépendant, l’opinion publique, en général, laissait croire que votre gouvernement allait atteindre la limite de l’indécence et de la destruction de la vie publique en Haïti; et enfin, fermer le robinet. Malheureusement, votre équipe semble être viscéralement attachée à un projet secret apparenté à la disparition progressive et entière de l’Haïti de Dessalines, Toussaint, Pétion, Christophe, Capois, etc. En témoignent, votre persistance dans le même sens, une pluie de décrets et de décisions abracadabrantes qui se sont suivis et laissant perplexes les citoyens et citoyennes des dix départements du pays.

-Considérant le décret dans lequel est anéantie la mission de contrôle de la Cour des comptes et du Contentieux Administratif (CSC/CA),

-Considérant la situation chaotique et l’insécurité généralisée constituant de véritables obstacles au processus démocratique en Haïti,

-Considérant le dysfonctionnement du Pouvoir Législatif et le fonctionnement bancal de plusieurs institutions publiques du pays,

-Considérant la velléité manifeste de votre gouvernement à instaurer un pouvoir dictatorial en Haïti,

-Considérant vos multiples échanges téléphoniques déclarés avec des bandits, gangs armés et criminels notoires, notamment votre incapacité à assurer la sécurité de la population en qualité du Président du Conseil Supérieur de la Police Nationale,

-Considérant votre inculpation dans le dossier d’assassinat de Me Monferrier Dorval par le Juge instructeur,

-Considérant les cas d’assassinats odieux et répétitifs de personnalités, simples et paisibles citoyens, écoliers, universitaires, communs des mortels;

-Considérant la prolifération accélérée et le regroupement de gangs armés, semant le désarroi au sein de la société haïtienne,

-Considérant la hausse alarmante des cas de kidnapping dans le pays,

-Considérant les cas de massacres dits « massacre d’Etat » perpétrés contre des innocents, dans des quartiers populaires; entre-autres, la Saline, Bel-Air, par des groupes armés identifiés comme des proches du pouvoir en place,

-Considérant l’impuissance de la Police Nationale d’Haïti (PNH) à garantir la protection des vies et des biens,

-Considérant la situation d’impunité qui sévit dans le pays,

-Considérant les réactions de l’opinion publique nationale et internationale par rapport aux décrets illégaux adoptés par l’Administration Moise/Jouthe, concernant particulièrement la création de l’Agence Nationale d’Investigation (ANI) et le renforcement de la sécurité publique,

-Considérant le refus évident du Gouvernement en place à donner satisfaction aux revendications de la population,

-Considérant les cas systématiques de violation des droits humains enregistrés dans le pays depuis votre accession à la tête de la Primature de la République,

-Considérant la dégradation accélérée de la situation socio-économique et politique d’Haïti,

-Considérant la passivité extrême de votre Gouvernement à prendre toutes les dispositions visant à garantir l’exercice d’une vie sans violations et sans restriction des droits, voire pallier aux problèmes urgents et récurrents que confronte la population haïtienne,

-Considérant qu’à plusieurs reprises, vous avez menti à la population dans vos déclarations publiques, à travers de fausses promesses,

-Considérant l’augmentation du phénomène de corruption représentant un cancer pour le développement du pays et l’inaction de votre Gouvernement face à ce fléau,

-Devant ce triste tableau constitué de faits alarmants, tristes, décevants, malvenus, dépravants, le Parti Konstwi Lavi réclame votre démission dans l’immédiat, afin de faciliter au Président de la République d’entamer en toute urgence des consultations auprès des Partis politiques de l’opposition et de la société civile autour du choix d’un nouveau Premier Ministre et d’un autre Cabinet ministériel pouvant rétablir le fonctionnement institutionnel, l’autorité de l’Etat, la paix dans les rues, la sérénité dans les foyers, la confiance entre les fils et les filles du pays; et finalement, créer très rapidement une harmonie entre les pouvoirs établis afin de réfléchir et travailler pendant 90 jours (3 mois), en accord avec tous les secteurs organisés de la société civile, sur toutes les dispositions qui permettront de combler les vides institutionnels et renouveler le personnel politique dans les 90 jours suivants (3 autres mois, au maximum); d’où un rétablissement de lueurs d’espoir pour l’avenir de l’Etat de droit, de la démocratie et de la garantie du respect des droits humains en Haïti.

Ainsi, Haïti évitera le chaos total prévu pour le 7 février 2021, date qui marquera la fin constitutionnelle du mandat du Président Jovenel Moise, aux termes de l’article 134-2 de la constitution 1987, amendé le 9 mai 2011; car, cette date tant attendue butera sur cette nouvelle équipe gouvernementale qui inspirera la vérité, l’espoir et la confiance que vous n’avez pas su insuffler à l’esprit de toute la population haïtienne.

Dr Frantz Germain
Vice-Président

Raynold Cantave
Secrétaire Général

NB.- Pour authentification : (509) 3401-6837/3456-9964

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