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10 mille tombent à sa droite et 10 mille, à sa gauche : Haïti mortellement blessée !

(TripFoumi Enfo) – L’heure est grave et même très grave en Haïti. Ce que nous vous disons est vrai, oui. La misère a atteint son point culminant et la crise socio-économique également. Les acteurs politiques, cupides comme eux seuls, s’entre-tuent pour le pouvoir. Quant au secteur des affaires, avec la complicité du blanc, allègrement, il tire son épingle du jeu. Et le pays dans tout cela ? Il se meurt à petit feu sous les yeux de ses fils et filles. Malheureusement. Où sont passés les avant-gardistes nationaux d’autrefois ?

Jean Jacques Dessalines, l’un des plus grands héros de l’indépendance haïtienne, restera, dans la mémoire collective, la manifestation la plus parfaite de ce qu’est la bravoure. Il est l’un des rares à avoir fait sienne la formule : libre ou mourir. Que le blanc soit mis à la porte à jamais, et que le nègre ait accès au bien-être ! Son assassinat, une contre révolution, le 17 octobre 1806, malheureusement, marque la descente du pays vers le précipice. Des luttes intestines pour des miettes, et rien, ont sapé toute perspective de développement d’Haïti, voire sa mise en œuvre.

Ce que nous vous disons est vrai, oui.

Première république noire du continent américain, Haïti, âgée de seulement 21 ans en 1824, a été frappée par le regard hostile de son ancienne métropole, la France. Celle-ci, ne pouvant reconquérir la perle des Antilles par les armes, a imposé à la jeune nation en construction une rançon de 150 millions francs or pour la reconnaissance de son indépendance en 1825. Au passage, il faut mentionner qu’Haïti, qui a accepté cela, a été contrainte de contracter des prêts dans des banques françaises pour pouvoir payer cette indemnité (la double dette). Quel gâchis !

À part la France, d’autres puissances de l’époque comme les États-Unis, l’Allemagne, l’Angleterre et l’Espagne ont développé, elles aussi, des rapports d’hostilité avec Haïti par un refus d’admettre son indépendance. Pour Benoît Joachim (1982), la reconnaissance de la révolution de 1804 par ces États hégémoniques, dont bon nombre d’entre eux disposaient encore de colonies dans la région, ce serait accepter le droit à l’insurrection à ces colonies et le légitimer (p.68). Donc, il faut, à leurs yeux, combattre la jeune nation par tous les moyens de crainte qu’elle soit un exemple pour d’autres peuples opprimés.

Haiti a vécu ce que Michel Hector appelle “le long du 19ème siècle” dans la douleur. Les années se succèdent, les, pourtant, préoccupations restent intactes. En effet, en pleine crise politique au début du 20ème siècle, Haïti allait connaître l’agression des États-Unis. Ce que nous vous disons est vrai, oui. Les Américains ont débarqué sur le sol national le 28 juillet 1915 et ont passé 19 ans à administrer les institutions haïtiennes et, il faut le dire, à exploiter, mieux, les richesses du pays. L’Amérique aux Américains ? Depuis, Haïti subit le diktat de la première puissance mondiale, même après le départ de sa troupe armée.

1986, dans l’histoire politique d’Haïti, apparaît une date importante. Fini la dictature, place à un nouvel ordre politique, capable, selon les opinions de l’époque, de permettre à tous les citoyens de vivre la plénitude de leurs droits politiques et sociaux. Mais, ce grand projet marche de façon boiteuse jusqu’à tomber dans le coma : 9 mois après son élection, la première démocratique, Jean Bertrand Aristide a connu un sanglant coup d’État orchestré par le général des Forces Armées d’Haïti (FAd’H), Raoul Cédras. Dès lors, la petite démocratie entre de plain-pied dans la crise.

Haïti n’a pas pu se tirer de ce cercle vicieux même au cours de ce 20ème siècle. Au contraire, le pays s’enlise davantage dans le gouffre de la misère et des coups bas politiques et de l’indifférence qui caractérisent sa bourgeoisie et les pays dits ses amis. Le chaos dans lequel se trouve le pays est stable. La seule stabilité qu’on connaisse. Des catastrophes naturelles comme des catastrophes humaines ont mis à genoux les Haïtiens. L’Haïti d’aujourd’hui est celle de l’urgence. L’Haïti d’à présent est celle de la peur, de l’abandon. L’avenir s’écrit en pointillés… sur toutes les pancartes, sur tous les murs et dans presque tous les cœurs. 10 mille tombent à sa droite et 10 mille, à sa gauche : Haïti est mortellement blessée !

Notice bibliographique

Jachim, Benoit (1982). “Les racines du sous-devloppement en Haïti. Chicoutimi, Québec : Collection “études haïtiennes”

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