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Festival 4 Chemins | Ochan pou Jacques Stéphen Alexis !

(TripFoumi Enfo) – Cette année marque le centenaire de la naissance de Jacques Stephen Alexis. Rolando Étienne, invité d’honneur de la 19ème édition du Festival Quatre Chemins, rend hommage à ce grand homme à travers la mise en scène de Tatezoflando, le 3e conte du recueil “Romancero aux étoiles” de Jacques Stephen Alexis. Rolando Étienne a répondu à nos questions.

  1. Cette année marque le centenaire de la naissance de Jacques Stephen Alexis, beaucoup d’événements se sont déroulés autour de cette question, alors choisir de présenter son texte, est-ce votre façon de lui rendre hommage ?

Jacques Stephen Alexis est un immense écrivain, ses œuvres ont traversé le temps. Il était un penseur, un théoricien, un militant politique de gauche, un idéologue, un humaniste. Pensée politique, engagement social et écriture littéraire… il a marqué son temps, son époque, c’est l’un des rares Haïtiens a avoir produit une œuvre d’une qualité impressionnante et qui a été publié chez Gallimard… Cette année marque le centenaire de sa naissance, et ça nous fait plaisir de travailler sur l’un de ces textes. Un texte qui s’inscrit dans un combat de cette société pour le respect des droits de la femme. Je suis content de travailler sur son texte en l’occasion du centenaire de sa naissance.

  1. Quelle est votre vision de l’œuvre de Jacques Stephen Alexis ?

Pour moi l’œuvre de JSA est tout un travail sur le merveilleux haïtien, sur le réalisme, le réel imaginaire haïtien. Elle est cette capacité d’aller voguer dans nos contes dans nos petites histoires anciennes, dans tout ce qui fait la fantasmagorie haïtienne pour aller puiser des éléments extrêmement important qui nous forme intellectuellement, culturellement et même historiquement. À travers ses contes, nous faisons un voyage à travers nous-mêmes, à travers notre histoire, notre réel, notre imaginaire et que c’est un élément important dans la littérature haïtienne que nous n’avons pas exploré suffisamment et dont JSA nous a offert l’occasion à travers son réalisme merveilleux, ce thème qu’il a bien développé et présenté avec Alejo Carpentier, un autre écrivain caribéen, qui a travaillé sur cette thématique.

  1. Parmi les œuvres de Jacques Stephen Alexis, vous avez choisi Tatezoflando, pourquoi avoir choisi ce texte ?

Je n’ai pas choisi ce texte pour son engagement politique mais plutôt pour la qualité de l’écriture. Pour ce travail extraordinaire qu’il a fait dans ses contes et ses nouvelles. On a rapproché JSA d’un grand écrivain et penseur caribéen qui a développé une théorie, le réalisme merveilleux. JSA a touché le merveilleux haïtien dans une dimension extraordinaire à travers Romancero aux étoiles. Il parle de nos mœurs, nos coutumes. Il est entré dans le réel imaginaire haïtien pour présenter un travail qui fait sens surtout par rapport à la ligne de combat d’une grande catégorie de femmes de l’époque, sur l’engagement des femmes, sur les violences perpétrées à leur encontre. Je trouvais cela intéressant. Ce conte non seulement rentre dans nos traditions, mais également il s’inscrit dans une démarche de combat, d’engagement social extrêmement important. C’est pour ces raisons que parmi toutes les œuvres de JSA j’ai choisi Tatezoflando.

  1. Ce troisième conte de Romancero aux étoiles traite de la violence conjugale, un sujet qui aujourd’hui, malgré les avancées qui ont été faites, est toujours d’actualité. En ce sens, quel message cette pièce entend apporter au public ?

Je crois que c’est un élément fondamental dans le texte, dans les œuvres de JSA, qui montre son engagement politique. Dans tous ses livres, que ce soit les neuf contes de Romancero aux étoiles, les arbres musiciens, l’espace d’un cillement ou Compère Général Soleil, toutes ces œuvres mettent en relief le citoyen Jacques Stephen Alexis et sa pensée politique. Pour moi, ce texte traduit la pensée politique, l’engagement politique et social de JSA par rapport à la problématique de la violence faite aux femmes. C’est un aspect extrêmement important pour nous dans la mise en scène. Notre perception, c’est de travailler sur le merveilleux et en même temps l’engagement politique, l’engagement citoyen de JSA à travers la problématique de la violence faite aux femmes.

  1. Parlez nous un peu de la mise en scène (décor, comédien etc.)

Pour la mise en scène, nous aurons un décor vide, un décor vraiment dépouillé, une mise en scène extrêmement simple. Nous n’allons pas mettre l’accent sur de gros éléments parce que moi, je suis un ferme partisan de la théorie de Jerzy Grotowski développé dans son livre « Vers un théâtre pauvre ». La notion du comédien total, du corps total, de l’action totale du comédien sur la scène où le comédien représente la totalité du spectacle en ce sens où il est à la fois danseur, chanteur, conteur qui raconte les petites histoires aux enfants. À la fois comédien-acteur qui essaie de décortiquer le texte pour essayer de donner vie, corps, sens au texte de JSA. Tout va se jouer à travers les jeux du comédien. On ne va pas trop prêter attention aux lumières, aux décors. De toute façon, le spectacle va se jouer en plein jour, donc ce sera la lumière du jour et non les lumières comme dans les grandes salles de théâtre. On va s’imaginer 8h du soir pendant qu’il est 4h de l’après-midi et puis, on va raconter des histoires avec tout ce que cela comporte comme travail, comme jeu scénique, comme rapport avec le public, cette symétrique salle-scène qui fait que toute la magie du théâtre va se jouer là et tout cela va se jouer à travers le corps du comédien.

En partenariat avec le Festival Quatre Chemins, la rédaction de TripFoumi Enfo vous propose un ensemble d’entretiens réalisés en prélude à la tenue de la 19e édition de l’événement.

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