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Canal sur la Rivière du Massacre : faut-il relire Jacques Roumain ?

Le canal sur la Rivière du Massacre colonise l’actualité. Pas un seul jour ne passe sans que le sujet ne soit sur la table de discussion. Les opinions divergent. Si certains voient cette initiative comme un simple travail de construction, d’autres et surtout les lecteurs de Roumain remarquent une prophétie, un vent nouveau, porteur du changement.

Jacques Roumain, l’illustre écrivain haïtien, a laissé une empreinte indélébile dans le monde littéraire grâce à son engagement en faveur des classes marginalisées, en particulier les paysans. Son œuvre la plus célèbre, “Gouverneurs de la rosée”, narre l’histoire poignante de Manuel, un personnage revenu après 15 longues années à couper la canne à sucre à Cuba pour retrouver son village natal, Fonds-Rouge, menacé par la sécheresse. À travers ce récit, Roumain explore la quête de l’eau, un élément vital, et la solidarité au cœur de la survie d’une communauté.

Aujourd’hui, une situation contemporaine met en lumière cette même quête de l’eau et la solidarité, tout en soulevant des questions cruciales. Le conflit entre Haïti et la République Dominicaine autour du canal sur la Rivière du Massacre résonne étrangement avec le récit de Manuel. Les habitants de la ville de Ouanaminthe, confrontés à des besoins en eau croissants pour leurs champs, ont entrepris de creuser un canal sur la Rivière du Massacre.

Cependant, la République Dominicaine, qui a déjà réalisé 11 canaux sur cette même rivière, conteste vigoureusement le projet haïtien. Elle estime qu’Haïti ne devrait pas creuser un canal supplémentaire, ce qui a entraîné la fermeture des frontières et une montée des tensions diplomatiques. Cette situation a attiré l’attention du monde entier sur Haïti et, en particulier, sur la ville de Ouanaminthe.

L’analogie entre le récit de Manuel, cherchant désespérément de l’eau pour son village, et la lutte actuelle des paysans de Ouanaminthe, ce même liquide vital met en évidence un thème récurrent : la quête de l’eau comme symbole de survie et de solidarité dans les sociétés vulnérables. Dans les deux cas, des individus sont prêts à affronter des défis considérables pour apporter l’eau salvatrice à leur communauté.

La question centrale demeure : faut-il relire Jacques Roumain ? La réponse réside dans la pertinence continue de son message. Sa littérature transcende les époques, rappelant aux lecteurs que la lutte pour l’eau, la survie et la solidarité restent une préoccupation fondamentale, que ce soit dans la fiction ou dans la réalité. À travers la lentille de Roumain, nous pouvons mieux comprendre les enjeux actuels auxquels sont confrontés les habitants de Ouanaminthe et les Haïtiens en général.

Tout compte fait, la quête de l’eau et la solidarité restent au cœur de ces deux récits, témoignant de la persistance des défis auxquels sont confrontées les communautés vulnérables à travers le temps. En relisant Jacques Roumain, nous nous rappelons l’importance de l’empathie, de la coopération et de la résolution des problèmes pour surmonter ces défis cruciaux qui affectent la vie de tant de personnes dans le monde.

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