Haïti

Rêver en Haïti, un défi pas comme les autres !

(TripFoumi Enfo) – Regarder nos rêves s’évaporer, quelle douleur ! Sombres sont les jours en Haïti. On ne voit pas, même pas de loin, l’horizon et pourtant on redouble d’efforts après avoir bronché pour assener de nouveaux coups de marteau à ces murs dressés devant nous. On suit la voie normale en vue d’aller jusqu’au bout de nos folies, en vain. Nous ne dressons pas le portrait de ces quartiers huppés protégés par des conteneurs dans les banlieues de Port-au-Prince où les « grands-nègres » se foutent royalement de la douleur des masses populaires. Trois fois NON, nous n’en parlerons pas dans ce petit papier.

Un pays qui vit est celui qui donne la possibilité à tous ses citoyens de rêver grand. Rêver grand pour l’humanité et leur pays. Rêver grand pour leur communauté et leur famille. Un pays où les violences urbaines, l’indiférence des dirigeants et la pauvreté paysanne battent leur plein ne peut ouvrir la voie aux ambitions les plus folles de ses fils pour qu’elles se réalisent. L’urgence l’emporte sur tout. Il y a cet avocat, ce jeune étudiant, ce commerçant, ce professeur, tous emportés par une balle. Puis, il y a cette famille qui ne fait que vivre à la merci de l’inconnu après avoir versé une forte somme à des kidnappeurs patentés. Ah… ! Cette situation nous fait cracher. Dégout.

Dans l’Haïti d’aujourd’hui, le manger et le boire ne sont pas faits pour tout le monde. La misère galope. Et des Hilarius Hilarion, Jean VALJEAN, Claude Gueux sont nés. Des gens, saccagés par la faim, qui volent pour manger. Des gens qui cambriolent pour nourrir leur famille, parce que voulant garder une certaine dignité devant leurs enfants. Heureusement qu’il a y cette Claire Heureuse, cet évêque et cet Albin, tous capables d’amour et de générosité même au temps des monstres. La considération de l’autre et le partage, deux valeurs fondamentales à la survie de toute société.

Difficile pour des malheureux de rêver une mobilité sociale ascendante : l’école d’ici est une marchande d’illusions. Beaucoup franchissent les étapes comme il faut, donc sans les brûler, pour devenir, merde, des « abolocho », des revenchards sociaux ou, pour continuer leur parcours d’hommes et de femmes honnêtes, se rendre sous d’autres cieux. Déclassés dans leur pays d’accueil, ils ont les rêves brisés. Haïti a le mérite de nous faire croire que nous sommes quelque chose jusqu’à ce que nous soyons victimes des dérives de ces élites corrompues qui ne jurent que par le gain et ce, au grand dam des autres.

Torturés par la cherté de la vie et l’insécurité, des Haïtiens, comme une barque errante, ne savent à quel saint se vouer. Ils ont les yeux englués de rage et de désespoir. L’impuissance d’agir de bon nombre d’entre eux face au chaos. La lourdeur du ciel d’Haïti sur leur tête. Comment rêver dans un pays blessé jusqu’aux os où se dessine une vallée de la mort ? Comment porter ses rêves avec fierté quand l’insouciance de l’État face aux chercheurs de vie est visible ? Comment nourrir l’espoir quand l’immédiateté des choses occupe le quotidien ?

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