(TripFoumi Enfo) – On ne peut plus fragiles, les rues. Pour tous ceux et celles qui mettent les pieds dehors, les risques sont grands. Pire, même chez eux. Dans la région métropolitaine de Port-au-Prince, c’est ça, la réalité au cours de ces cinq dernières années. Haïti est en mode de chaos. L’insécurité, la misère, la crise politique, voilà autant de maux qui rongent le pays. Encore des morts et des kidnappés au début de l’année 2023.
Malgré cette triste situation où l’avenir est incertain, le Conseil exécutif intérimaire de Port-au-Prince ne jure que par la tenue du carnaval. “Réconciliation pour la paix”, voilà le thème choisi par les autorités municipales pour le déroulement de cette grande festivité culturelle. Mais, cette année, insécurité oblige, cela va se dérouler en milieu de journée, de 10heures à 18heures, dans cette capitale engluée de fatras.
Rien que pour l’année 2022, l’inflation avait atteint 47, 2%. Du jamais vu. Cette hausse importante traduit l’incapacité des actuels dirigeants haïtiens à contenir la crise économique à laquelle fait face le pays depuis un certain temps. Aujourd’hui, la cherté de la vie pousse bon nombre d’Haïtiens à partir pour d’autres cieux plus cléments et ce, même au péril de leur vie.
Sur le plan sécuritaire, plus de 1400 morts ont été enregistrés au cours de l’année 2022, selon l’Organisation des Nations Unies. De son côté, le Centre d’Analyse et de Recherche en Droits de l’Homme (CARDH) chiffre le bilan annuel des cas de kidnapping à 857 à travers le pays. Jusque-là, rien n’est fait par les autorités pour donner une réponse à ce fléau.
Alors qu’un vide présidentiel tarde à être comblé depuis l’assassinat de Jovenel Moïse dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021, le mandat du tiers du Sénat de la République a touché à sa fin. Le Premier ministre Ariel Henry détient entre ses mains tous les pouvoirs sans avoir de comptes à rendre à personne. Dèjà 7 ans sans l’organisation d’élections dans le pays.
C’est dans ce contexte de crises que des milliers de gens se sont rendus au Champ de Mars pour aller bouger au son des chars sonores, à l’occasion des festivités carnavalesques. L’art de danser sur notre malheur, nous savons comment nous y prendre, à ce qu’il paraît.
