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Des vacances piégées à Port-au-Prince

Après une année scolaire difficile, est venu le moment des grandes vacances d’été, que ce soit pour les professionnels de l’éducation ou toute autre catégorie socio-professionnelle. Un moment de franches rigolades et de partage. Les écoliers, les directeurs et professeurs d’école… tous devraient se reposer un peu et, l’on doit préciser aussi, préparer la nouvelle année scolaire, fixée pour le début du mois de septembre prochain. On n’en est pas encore là. Engluées dans une spirale de violence et frappées par une grande précarité socio-économique, ces catégories socio-professionnelles doivent héler le Bon Dieu ou invoquer les loas de nos ancêtres pour savoir quoi faire durant cette période.

Presque rien n’a changé dans le pays depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse survenu dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021, sauf, peut-être, cet “accord de paix” conclu entre certains chefs de gang pour ne plus s’entretuer au centre-ville de Port-au-Prince. Mais, les quartiers sur lesquels règnent ces seigneurs de la guerre, ces tout-puissants, situés au cœur de la capitale haïtienne, restent encore la ligne rouge qu’un “paisible citoyen” doit éviter, à tout prix, s’il ne veut pas être considéré comme l’ennemi dans la horde sauvage. Il y a aussi Laboule 12, un quartier huppé de Pétion-Ville, qui est maintenant “libéré” de ses hommes illégalement armés.

Bon nombre de ces écoliers, professeurs et directeurs d’école, pour la plupart originaires des villes de Province, devraient retourner à la source pour passer du temps avec leurs proches. Prendre un bain de mer ou faire une plongée dans un bassin d’eau douce, dans une rivière. Organiser une petite randonnée. Jouer au football et en profiter pour respirer un air plus léger que celui de Port-au-Prince. Voilà, entre autres, ce que les traditionnelles activités durant cette période imposent aux Haïtiens vivant surtout dans “le pays en dehors”. Mais comment se rendre dans ces “pays en dehors” ? La question est nonchalante au prime à bord. Mais, on le sait comme tous les Haïtiens conscients, les principaux axes routiers reliant Port-au-Prince et le reste du pays sont entièrement aux mains des bandits.

La réalité actuelle est que les principales voies principales liant Port-au-Prince et les villes de province se trouvent sous la coupe réglée des civils armés qui dictent leur loi sans se soucier des autorités étatiques. Ces endroits, ce ne sont que les plus braves et les plus désespérés qui les fréquentent ce, au risque de se faire kidnapper, violer ou assassiner. Si la deuxième circonscription de Port-au-Prince était jusqu’au mitan du mois d’août l’un des rares “territoires” à n’être pas encore tombés aux mains des gangs armés, mais, depuis le 14 août dernier, c’est la galère pour de paisibles citoyens qui fuient Carrefour-Feuilles afin d’échapper à la terreur des hommes de Ti Lapli.

Parents et personnels de l’éducation, comment sont-ils parvenus à supporter ce confinement forcé et imposé par la réalité sécuritaire et socio-économique du pays ? Entre-temps, les bandits armés continuent de chasser les citoyens de leurs domiciles, poussant certains à prendre refuge sur des places publiques, dans des camps et des écoles publiques et privées.
Dans cette spirale de violences, l’ouverture des classes reste encore incertaine pour les vacanciers pris au piège dans la capitale haïtienne. Si certains fils du pays comptent sur le Kenya, ce pays de l’Afrique de l’Est, pour venir aider la Police haïtienne à nettoyer le pays de ses bandits armés, ce rêve semble sur le point de virer au cauchemar, car le Kenya sera, selon un article du journal Miami Herald, en Haïti pour protéger les infrastructures publiques et des principaux axes routiers.

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