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Haïti a connu 2023 !

Le peuple haïtien a connu 1804, sa gloire ; la période des Duvalier un peu plus près de nous, l’horreur ; 12 janvier 2010, funeste journée ayant engendré des jours sombres derrière, mais il a survécu à cela ; et… 2023. Ce petit papier ne saura explicitement vous présenter cette année qui s’est abattue avec fureur sur le peuple haïtien, mais il essaiera un tantinet de vous soumettre un pan de cette période, qui n’est, semble-t-il, pas encore à sa fin.

2022, qui était déjà assez lourd à porter, s’en allait, au grand bonheur de plus d’un, de tous ceux qui croient que le Nouvel An apporte vraiment de nouvelles choses, invite certainement aux nouvelles résolutions, à des changements, peut-être, radicaux. Et dès les premières secondes de l’année 2023, les souhaits pleuvaient partout, dans tous les milieux sociaux. Certains disaient « Bon combat », un souhait nouveau dans nos us, comme pour essayer d’être plus réaliste au vu du quotidien établi et maintenu, d’autres continuaient à pérenniser la tradition « meilleurs vœux, la paix, la prospérité, la santé », toujours dans l’espoir de changer le « destin », d’en créer un autre… les gens, pour la plupart, ne sont sûrs de rien, mais emplis de cette naïveté bienfaitrice, ils se livrent à ces souhaits qui, disons-le, font parfois du bien.

Les opinions sont partagées, mais il n’en demeure pas moins que c’était un OUF de soulagement pour beaucoup : le 5 janvier 2023, le président américain Joe Biden annonce l’Humanitarian Parole, un programme de voyage humanitaire qui offre à quatre pays, dont Haïti, la possibilité pour les migrants d’entrer au pays de l’Oncle Sam en toute légalité. Depuis, une fièvre a gagné la population haïtienne. Les bureaux de l’immigration étaient tout de suite bondés de gens qui voulaient à tout prix disposer d’un passeport. L’État haïtien peinait à contenir ce flux, et des choses inimaginables faisaient la une dans les journaux, mais nous nous préservons de les citer. Toutefois, ce programme humanitaire semble avoir été la meilleure chose qui soit arrivée aux Haïtiens durant cette année, car tout ce que nous allons écrire dans ce papier n’aura rien de réjouissant, ou peut-être si, il y a sûrement une nouvelle qui aura rappelé 1804, nous y reviendrons.

Les (nouveaux) territoires perdus !

Il y avait déjà l’entrée sud de la capitale, perdue depuis des lustres, où plusieurs opérations (bâclées) de la police nationale ont échoué. La nouvelle année voyait les gangs armés s’étendre sur presque tout le territoire national. Outre la commune de la Croix-des-Bouquets, contrôlée par les « 400 Mawozo », une partie des communes de Tabarre et Pétion-Ville, sous la coupe réglée de Vitelhomme Innocent, caïd du gang « Kraze baryè », Saut-d’Eau, Carrefour-Feuilles, Savien, sont, entre autres, beaucoup d’autres, les territoires perdus sur la cartographie sanglante d’Haïti. TERRITOIRE PERDU, la fameuse invention de notre ministre de la justice s’il-vous-plaît, madame Emmelie Prophète Milcé, la honte de l’année pour beaucoup d’Haïtiens.

Ces bandits armés sont de véritables terroristes. Leur mode opératoire est significatif : ils tuent la population à tout va, sans réelle menace, ils brûlent les maisons, violent les femmes et les filles, les garçons ne sont pas exempts, si vous vous posez la question, ils détournent des véhicules de transport en commun avec leurs occupants, ils terrassent tout sur leur passage. 2023 a vu de nouveaux territoires perdus où les habitants ont dû laisser en trombe leurs maisons, du moins, ceux qui le pouvaient, car d’autres, étaient emprisonnés à l’intérieur même de leurs domiciles, ou tout simplement tués.

Un petit exemple :

« Des bandits armés ont attaqué la localité de Source Matelas, mercredi 19 avril 2023. Pour échapper à la fureur des gangs armés, des personnes ont fui la zone en passant par la mer. Le voilier à bord duquel se trouvaient ces rescapés a fait naufrage et plusieurs d’entre eux sont portés disparus, dont au moins huit bébés. »

Aucune autre information, ces mots sont pesés, n’a été moins triste et révoltante que celle-ci. Alors vous comprendrez l’horrifiante réalité du peuple haïtien.

Une lueur d’espoir (tuée dans l’œuf par l’État haïtien et certains directeurs d’opinions)

Le lundi 24 avril 2023, un mouvement qui a existé par le passé sous une forme peu contraignante, réincarna en une véritable tempête : le « BWA KALE ». Une véritable réponse proportionnelle à la cruauté crue des terroristes.

Voici la nouvelle publiée dans nos colonnes :

« Près de 14 personnes, présentées comme des bandits, ont été tuées et les restes de leurs corps calcinés par des membres de la population civile à Canapé-Vert jonchent le sol, ce lundi 24 avril 2023. »

Ouffff !

Le peuple s’est réveillé enfin, laissant seul dans le dortoir de la honte l’État et la communauté internationale. Un réveil brutal. Comme quand on n’en peut plus. Comme quand on en a ras-le-bol. Comme quand on ne peut que réagir de la plus bestiale des manières. Comme quand on se dit vivre ou mourir. Comme quand la mort était la seule délivrance, donc, on fonce. Voilà comme se sont exprimés des habitants de Canapé-Vert : ils ont tout bonnement répondu le feu par le feu, la terreur par la terreur, le sang par le sang, la mort par la mort. Quoi ? Vous vouliez qu’ils demandent à l’État de les juger ? Gens hypocrites, vous-mêmes n’arrêtez pas dire que la justice haïtienne dispose de ses deux yeux.

Et depuis, comme par enchantement, de nouveaux discours humanitaires allaient surgir : c’est à la justice d’agir, pas au peuple ; tuer sans sommation est barbare, et bien d’autres. De nouveaux ennemis du peuple prenaient corps par leurs discours, quand finalement des membres de la population haïtienne ont décidé de protéger l’avenir de leurs fils et filles. Des ennemis de tout accabit. Le peuple trahi encore une fois par les siens.

En moins d’un mois, le peuple a stoppé plus de voyous armés que la PNH en plus de 5 ans. Le peuple, privé de justice, de protection, est naturellement devenu JUSTICIER. Quoi de plus logique ?!

Mais, c’était pas politiquement correct. Le « Bwa Kale » s’est transformé peu à peu en une fièvre intermittente, jusqu’à rester dans un regrettable passé récent. Néanmoins, le peuple a formé des brigades, travaillant en collaboration avec la PNH pour assurer tant bien que mal la paix, quoique fragile, dans les quartiers.

Aux connaisseurs et humanitaires circonstanciels, le « Bwa Kale » a permis à de nombreux Haïtiens de retourner chez eux. SEUL LUI LE POUVAIT, apprenez cela.

Les bandits, durant cette période bénie, s’étaient terrés, la terreur avait changé de camp. Mais, à la demande implicite de l’État et de certains (détenteurs), directeurs d’opinions, les terroristes allaient reprendre du service. Quel service ? Kidnapping en série, meurtre en série, incendies à tort et à travers, prises de nouveaux territoires, et le dernier, une localité ancrée dans notre culture : Mariani. Et cet affront traverse le temps jusqu’à venir s’installer en 2024. Et l’État et la communauté internationale dorment à poings fermés.

Comme imprimé dans notre ADN d’Haïtiens, même dans la terreur la plus épaisse, notre peuple continue d’écrire son histoire et offrir à l’humanité des exemples de grandeur. Et son nouveau chapitre est intitulé : KPK, Kanal la P ap Kanpe. Quel chapitre !!!

Publié chez nous début septembre 2023 :

« Au cœur de la paisible commune de Ouanaminthe, dans le nord-est d’Haïti, vient de s’écrire une histoire de solidarité et de résilience qui a captivé l’attention du pays tout entier. Les agriculteurs de cette région ont entrepris quelque chose d’audacieux : la construction d’un canal pour drainer l’eau de la rivière Massacre afin d’irriguer leurs exploitations agricoles.

Cette initiative, prévue par le regretté président Jovenel Moïse, avait été laissée inachevée, obligeant les paysans de la plaine Maribahoux à prendre les choses en main. De jour comme de nuit, ils ont fait face à d’innombrables défis pour protéger ce canal vital des menaces émanant de la République Dominicaine voisine. »

Cette construction à engendré une colère sans nom sur l’autre partie de l’île. Le président dominicain, Luis Abinader, avait même décidé de fermer totalement la frontière avec Haïti, pensant pouvoir tout arrêter. Le type n’a aucune idée de ce qui coule dans nos veines. Les Haïtiens de tout secteur, sauf les bandits bien-sûr, eux, ils ne sont pas humains, encore moins des Haïtiens, se sont placés sous le même élan de grandeur pour soutenir ces paysans démunis, mais fiers, pour continuer la construction de ce canal, expression de cette noblesse qui fut nôtre et qui porta nos ancêtres à VAINCRE les FRANCAIS. Abinader avait, de toute évidence, oublié ce pan de l’histoire de l’humanité.

ET LA CONSTRUCTION DU CANAL CONTINUE.

La meilleure nouvelle de l’année 2023. Et 2024 s’est réveillée avec cette solidarité qui nous est familière et particulière.

2024 nous réserve quoi ?

Seul le peuple haïtien peut construire son présent et définir son avenir, car son glorieux passé lointain et ses exploits périodiques ne portent aucun autre nom.

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