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Politisation et instrumentalisation de la détention préventive prolongée en Haïti

La détention préventive prolongée est un instrument utilisé par les dirigeants politiques et d’autres acteurs évoluant dans le domaine pour défendre leurs intérêts, estime le juge Jean Wilner Morin, lors de son intervention à la radio Magik9, le week-end écoulé.

« La détention préventive prolongée est un discours. Elle fait partie intégrante d’un programme politique, servant à tous les ministres de la justice et aux Organisations Non-Gouvernementales (ONG) qui travaillent dans le domaine”, a déclaré Jean Wilner Morin qui exprime sa position personnelle.

Selon l’homme de loi, vers les années 1980, la détention préventive prolongée ne constituait pas un problème en Haïti. Pourtant, le système judiciaire n’avait pas autant de juges, tribunaux et juridictions.

Le pays fait face à ce problème depuis environ une vingtaine d’années, a souligné le président de l’Association Nationale des Magistrats Haïtiens (ANAMAH).

Malgré tous les dispositifs légaux, les tribunaux et les dix-huit juridictions, le pays fait face à ce problème aujourd’hui, c’est d’abord un manque de contrôle des citoyens, contrairement aux années 80.

L’homme de loi reconnaît que le système fait face à une carence de juges, ce qui constitue un problème majeur pour le bon fonctionnement des tribunaux.

À un autre niveau, Me Morin a expliqué que le problème de la détention préventive prolongée est également causée par le non respect de la loi sur la comparution immédiate, qui exige qu’une personne soit entendue par un juge au plus tard 48 heures suivant son arrestation.

Les personnes qui tirent profit de la détention préventive prolongée ont tendance à accorder la faute aux magistrats qui parfois revendiquent de meilleures conditions de travail, a déploré le numéro un de l’ANAMAH.

Jean Wilner Morin croit que pour résoudre ce problème il faut l’aborder d’une autre manière.

Pour lui, la solution de la détention préventive prolongée n’est pas liée à une augmentation d’audience, comme certains le pensent. Il croit de préférence que le problème doit être abordé en amont, en commençant par éviter les arrestations illégales et inutiles.

En cas d’arrestation, la personne doit comparaître devant un juge dans les délais prévus, conformément à la Loi sur la comparution immédiate.

En cas d’arrestation illégale, la personne doit être en mesure de saisir les Décanats des tribunaux en habeas corpus et les doyens doivent s’armer de courage pour libérer les gens, a ajouté le juge Morin.

Par ailleurs, Me Morin a déploré les mauvaises conditions de travail dans lesquelles évoluent les juges.

“Nous ne pouvons pas continuer à travailler comme ça. Nous souffrons avec 40 ou 50 mille gourdes comme salaire”, a-t-il dénoncé.

Malgré les mauvaises conditions, Jean Wilner Morin a indiqué que les juges ont consenti des efforts pour assurer leur responsabilité. Malgré des difficultés, le juge informe qu’il a rendu près d’une dizaine d’ordonnances dans moins de cinq mois.

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