Le Parti Haïtien Tèt Kale (PHTK) domine le pays. Depuis plus de dix ans, les « Tèt Kale » arrivent, malheureusement, à se renouveller au pouvoir en usant de beaucoup de stratégies. Avec le support de la communauté internationale, ils se pérennisent à la tête du pays ; Dieu seul sait pour combien de temps.
Les dirigeants « Tèt Kale » ont dilapidé des fonds publics, anéanti les institutions régaliennes, tuent, contrôlent des gangs armés. Du moins, ils les fédèrent, rien que pour garder le pouvoir.
Depuis le 20 juillet 2021, le pays est dirigé par Ariel Henry, un Premier ministre nommé par Jovenel Moïse, un ex-président « Tèt Kale ». Des alliés et proches du PHTK sont ministres, directeurs généraux, fonctionnaires, etc.
Paradoxalement, une frange du PHTK s’est transformée en opposante au PM Ariel Henry. Et Guy Philippe promet de renverser le neurochirurgien du haut de son fauteuil de tout-puissant. Mais qui est Philippe et ses amis de l’opposition ?
Guy Phillipe, natif de Pestel, département de la Grand’Anse, est un ancien Commissaire de police. Il a été élu sénateur de la Grand’Anse, sous la bannière du Consortium National des Partis Politiques Haïtiens (CNPPH), un parti allié du PHTK. Mais M. Philippe n’a jamais pu siéger à cause d’une condamnation aux États-Unis pour blanchiment d’argent provenant du trafic de drogue.
Le CNPPH est dirigé par Jeantel Joseph. Lui aussi, membre de l’actuelle opposition, alors qu’il a été nommé Directeur général de l’Agence Nationale des Aires Protégées (ANAP) par Jovenel Moïse.
Claude Joseph, un ancien ministre des Affaires étrangères de Jovenel Moïse, est opposant au gouvernement d’Ariel Henry. Magalie Habitant, ancienne Directrice générale du Service Métropolitain de Collecte des Résidus Solides (SMCRS) sous Jovenel Moïse est maintenant dans l’opposition et parle même de révolution.
Linné Balthazar, le Secrétaire général du PHTK, s’est exprimé publiquement à plusieurs reprises contre l’actuel Premier ministre de facto. Myrthil Marcelin dit « Nèg Arab la », militant « Tèt Kale » et proche de l’ancienne première dame Martine Moïse, est lui aussi membre de l’opposition.
La liste est longue ! Alliés et proches du PHTK au pouvoir, alliés et proches du PHTK dans l’opposition.
Essayons de comprendre le jeu !
Dans son texte intitulé L’Énergie et la Matière vivante, Stéphane Lupasco, un philosophe français, laisse croire que pour la formation comme pour l’existence d’un système, d’un ensemble, il faut que ses constituants soient susceptibles de se rapprocher en même temps que de s’exclure, de s’attirer et de se repousser, de s’intégrer et de se désintégrer.
Sans les neutrons (charge négative) et les protons (charge positive) à l’intérieur de son noyau, un atome ne saurait exister.
Edgar Morin de son côté, dans son texte intitulé Pour une crisologie, écrit : « On ne peut concevoir d’organisation sans antagonisme ».
Autrement dit, dans la logique de Lupasco comme celle d’Edgar Morin, les conflits (antagonismes) font partie intégrante de toute organisation. En ce sens que l’antagonisme permet même la formation et garantit l’existence de l’ensemble.
Tenant compte de ces points de vue, le tableau qui se dessine actuellement en Haïti n’est autre qu’un combat organisationnel, ayant pour seul but de garantir la survie d’un ensemble, le PHTK.
Même si cette opposition arrive à renverser M. Henry, les « Tèt Kale » auront la garantie de se maintenir encore au pouvoir. Car ses disciples, proches et alliés sont partout.
Dans ce contexte, seul le peuple haïtien peut provoquer un réel changement de paradigme avec un renversement de cette classe politique malsaine. Il n’y aura ni de messie, ni de sauveur, encore moins de révolutionnaire.
Peuple, réveillez-vous et battez-vous ! Votre destin n’appartient qu’à vous.
