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La PNH, un aimant à haine !

Haïti s’essouffle. Presque toutes ses institutions sont en crise. La police nationale, bras armé de l’État, qui devrait protéger les vies et les biens, semble être, comme soulignent les penseurs marxistes, un instrument au service de la classe dominante. Les actes d’atrocités perpétrés par des policiers au cours du mois de février suscitent colère et indignation chez les membres de la population. Une haine sans précédent pour cette institution est constatée sur les réseaux sociaux.

À la veille du 7 février, des manifestations ont eu lieu à travers le pays en vue de dénoncer la mauvaise gestion de l’État et, de ce fait, réclamer le départ du Premier ministre Ariel Henry. Face à ces soulèvements itératifs, le haut commandement de la PNH avait décrété l’état d’alerte. Des policiers ont tout fait pour mater la mobilisation. Des actes barbares ont été commis contre des manifestants et des journalistes par des agents de l’ordre, que ce soit à Port-au-Prince ou dans des villes de province.

À Petit-Goâve, le mardi 30 janvier, au moins deux personnes ont été atteintes de projectiles lors d’une manifestation anti-gouvernementale. Des policiers ont été pointés du doigt par les manifestants. Le lendemain, deux autres personnes, dont le photojournaliste Mays Pierre, ont été blessées par balle. Ce comportement des policiers a été dénoncé par des membres de la société civile et des dirigeants de ces mouvements de protestation.

Plus on avançait vers la date fatidique, à savoir le 7 février, plus la tension montait, plus l’usage abusif de la force s’intensifiait. Le 5 février, plusieurs journalistes étaient sortis blessés en marge des manifestations anti-gouvernementales, alors qu’ils étaient en plein exercice de leur fonction. Des manifestants ont été aussi victimes d’atrocités policières ce jour-là. Au moins quatre personnes, blessées à Jérémie. Des agents détachés avec l’actuel délégué, Paulémont Michel, ont été accusés.

Lors d’une opération de « dechoukay », dans un supermarché à Pétion-Ville, un enfant de huit ans a été frappé par des policiers qui, par la suite, ont pointé une sur sa tête. Cette scène photographiée et filmée est devenue virale sur les réseaux sociaux. Jusqu’à présent, aucune sanction n’est prise par les dirigeants de la police à l’encontre de ces policiers, en revanche, l’institution avait publié d’autres images, arguant que les premières étaient des montages. « J’avais faim, donc j’avais besoin de quoi à manger », a déclaré l’enfant dans une vidéo.

Le 7 février, cinq agents de la Brigade de Sécurité des Aires Protégées (BSAP) ont été tués à Laboule 10 par des policiers affectés au Commissariat de Pétion-Ville. Après ce crime, le parquet de Port-au-Prince avait ordonné la mise en terre des corps de ces 5 agents. Guy Philippe, supporté par la BSAP, promet de neutraliser tous ceux et toutes celles qui travaillent pour le compte de ce gouvernement.

La police ne s’arrête pas là dans ces actions laissant à désirer. Le 8 janvier, Roosevelt Constant, un jeune homme de 20 ans, a été tué chez lui, dans la commune des Cayes. Des individus armés, présentés comme des policiers, essayaient d’enlever des barricades sur la Route Nationale #7 quand Roosevelt a reçu une balle à la tête à son domicile, et est décédé dans l’heure.

Ce même 8 février, le journaliste Jean Marc Jean (JJM) a reçu une bombe lacrymo en plein visage, alors qu’il couvrait une manifestation sur l’autoroute de Delmas, ce qui lui a coûté un œil. Un pick-up Land cruiser de couleur blanche et d’immatriculation 1-01152 sur lequel est écrit UDMO OUEST a été pointé du doigt.

Ce 25 février, un autre enfant a été brutalisé par un policier. L’enfant serait accusé d’avoir jeté des pierres sur une patrouille policière. La vidéo de cette scène est virale sur les réseaux sociaux. Cet acte suscite l’émoi chez les internautes qui dénoncent un tel comportement.

Assassinat d’un policier le 14 février

Dans l’après-midi du 14 février, le policier Lector Rubens, agent de l’unité d’élite SWAT TEAM, a été tué dans les parages du Stade Sylvio Cator. Il a reçu au moins 8 projectiles avant de succomber des suites de ses blessures. Ce cas d’assassinat, qui devrait susciter l’indignation chez les membres de la population, semble un moment de réjouissance, à voir les commentaires.

Au lendemain, plusieurs personnes ont été abattues de la rue Oswald Durand à Portail Léogâne. Selon les témoignages, ce sont des individus en uniforme de police qui ont commis cet acte, ce qui semblerait un acte de représailles. Jusqu’à présent, le haut commandement de la PNH n’a pipé mot. Les organisations des droits humains n’ont pas encore réagi face à cet acte.

Le malaise entre l’institution policière et les membres de la population est visible. De jour en jour, les atrocités policières attisent la haine. La police est-elle une institution faillie comme bien d’autres ? En tout cas, elle tarde à agir contre les vrais fauteurs de troubles. Qu’elle prouve son efficacité dans le combat contre les gangs au lieu de maltraiter des innocents, c’est ce que souhaitent bien des gens !

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