Lors d’une série d’appels téléphoniques, le Secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a demandé au Premier ministre haïtien d’annoncer sa démission pour faire place à une transition politique. Selon le quotidien américain, Miami Herald, qui rapporte, jeudi 7 mars 2024, les échanges entre ces deux derniers, les hauts responsables du Département d’État américain les ont qualifiés de « tendus ».
Depuis les offensives des gangs armés à Port-au-Prince, des doutes planent sur l’avenir politique d’Ariel Henry. Alors que celui-ci était au Kenya pour finaliser l’accord politique garantissant le déploiement de la Mission Multinationale en Soutien à la Sécurité (MMSS) en appui à la Police Nationale d’Haïti, les gangs se sont concertés et ont lancé des attaques coordonnées contre des institutions publiques et privées dans toute la capitale, dont des prisons, des Sous-Commissariats, entre autres. Ils ont obligé le neurochirurgien à rester hors du pays, voyageant du Kenya, passant par les États-Unis, de la République voisine, à Porto Rico, où il est sous le contrôle des agents du Bureau Fédéral d’Investigation (FBI).
Le média américain avait relayé que l’Administration Biden-Harris avait lâché le Chef du gouvernement haïtien, lui demandant d’annoncer sa démission. Le Premier ministre, avare de pouvoir, avait choisi de présenter une contre-proposition aux responsables américains et caribéens. Il avait en effet déclaré qu’il ne souhaitait que rentrer en Haïti.
Mais, Anthony Blinken et son équipe sont restés convaincus sur le fait que le plan d’aide pour pallier la situation qui s’est installée dans les rues de Port-au-Prince devait inclure la démission d’Ariel Henry, qui, depuis sa période de gouvernance, n’a apporté que des pleurs, de la souffrance et de la crainte au peuple haïtien. De par son caractère fantaisiste de « chef de gouvernement », il a tout bonnement favorisé l’émergence du banditisme à travers tout le pays.
Les autorités internationales ont, à maintes reprises, proposé des plans de sortie de crise aux acteurs politiques du pays. Cependant, ces derniers n’arrivent pas à s’entendre, alors que le chaos bat son plein.
« Depuis plus d’un an, les États-Unis encouragent le Premier ministre Henry et d’autres acteurs clés en Haïti à parvenir à un compromis qui mettra fin à l’impasse politique actuelle. Au cours de la semaine dernière, la crise politique en Haïti, combinée à l’escalade de la violence et aux troubles civils, a créé une situation intenable qui menace les citoyens et la sécurité du pays », a écrit le porte-parole du Département d’État, Matthew Miller, dans un communiqué.
Une réunion concernant la situation d’Haïti sera organisée en Jamaïque, lundi, par environ 15 membres de la CARICOM. L’Organisation des Nations Unies a été invitée pour y assister, selon le Secrétaire Général de l’institution, Antonio Guterres.
La porte-parole Stéphanie Tremblay a déclaré que le chef de cabinet de l’ONU, Earle Courtenay Rattray, participera à la réunion aux côtés de plusieurs partenaires internationaux afin de favoriser le soutien à la restauration des institutions démocratiques en Haïti dans les plus brefs délais.
Toujours d’après Miami Herald, des anciens diplomates américains ont été consternés par la manière dont le gouvernement américain a traité le Premier ministre haïtien. Les échanges et le manque de certitude quant à savoir qui remplacera Henry ne contribuaient pas à endiguer la crise. C’est ce qu’a indiqué Thomas Shannon, un ancien sous-secrétaire d’État ayant été impliqué dans la destitution de deux précédents dirigeants haïtiens.
« C’est vraiment aux États-Unis et à la CARICOM d’identifier qui doit diriger cet endroit et de leur donner ensuite les ressources et le pouvoir politique nécessaires pour le faire fonctionner. Mais ce qu’ils ont fait jusqu’à présent, c’est qu’ils ont en quelque sorte laissé Henry flotter, faire ce qu’il pouvait pour gérer ses relations avec d’autres parties de l’État, comme la police, et il n’y a eu aucune réelle volonté de le soutenir. Le refus des États-Unis de participer à une quelconque opération directe de maintien de la paix est tout simplement honteux », a-t-il ajouté.
Pendant que les autorités internationales tentent de trouver un accord entre les Haïtiens sur qui devrait diriger la transition vers un nouveau gouvernement, ceux qui soutiennent Ariel Henry ont lancé les mêmes propos que celui-ci. En effet, lors d’une récente rencontre, ils disent soutenir Ariel Henry et estiment que les dirigeants de la CARICOM et des États-Unis devraient plutôt essayer de faciliter le retour du vieux de 74 ans.
« Il est urgent que le Premier ministre Ariel Henry rentre dans le pays. La communauté internationale devrait assumer cette responsabilité pour aider le Premier ministre Ariel Henry à rentrer chez lui le plus rapidement possible. On ne peut pas consacrer cela par une victoire des gangs car ce sont les gangs qui donnent les ordres. Nous ne pouvons pas accepter que les gangs aient remporté une victoire politique », a déclaré le soit disant « avoka pèp », André Michel.
Par ailleurs, André Michel et d’autres politiciens haïtiens ont assuré aux dirigeants caribéens qu’ils continuaient non seulement à supporter Ariel Henry, mais aussi étaient prêts à faire des sacrifices pour trouver un compromis accouchant les élections officielles libres, transparentes et démocratiques pour retourner à l’ordre constitutionnel.
« Nous leur avons dit que nous étions prêts à entrer dans un processus politique, à faire des compromis pour trouver un accord afin de mettre un terme à la transition car celle-ci dure depuis près de deux ans. Il est temps d’en finir avec cela et nous sommes prêts à faire le sacrifice pour trouver un consensus afin de parvenir à un accord », a poursuivi André Michel qui a expliqué que la chose la plus importante pour Haïti serait que la communauté internationale aide Haïti à mettre de l’ordre dans ce chaos. Ignorant que c’est son équipe qui a rendu le pays invivable, il a fait savoir que le plus grand ennemi du peuple haïtien et de tous, ce sont les gangs.