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Trois ans depuis le massacre de La Saline, toujours pas de justice pour les victimes

(Tripfoumi Enfo)- Ces dernières années, Haïti connaît des jours vraiment sombres. Ses fils et filles ne font vraiment pas honneur à la mère patrie qui jadis était considérée comme la perle des Antilles. De tous les maux causés, l’on se souvient encore, comme si c’était hier, du massacre perpétré par des bandits armés à La Saline. Pourtant cela fait déjà 3 ans, le même goût amer sur nos papilles, les mêmes images qui hantent nos esprits.

Qui aurait cru que cette nation qui a vu ses citoyens s’unir dans le temps pour combattre des envahisseurs très souvent plus costauds et efficaces qu’eux, les verra, quelque temps plus tard, abattre leurs semblables comme du bétail sans aucune pitié, sans aucun remords et surtout sans aucun regret ?

Journée triste et inoubliable, moment regrettable et impassable, les 13-14 novembre 2018, des bandits armés ont perpétré un massacre inimaginable dans le quartier de la Saline, l’un des grands bidonvilles de la zone métropolitaine. Plusieurs dizaines de personnes ont été tuées, parmi lesquelles des enfants et des femmes. De plus, les corps de certaines victimes ont été abandonnés à la merci des animaux. Beaucoup de femmes dont des mineures en sont sorties violées, maltraitées et malmenées.

Un rapport dressé par le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) a révélé que ce massacre s’est soldé sur un bilan long comme le bras. Pas moins de 71 personnes ont été tuées, 2 sont portées disparues et 11 femmes et filles victimes de viol en collectif. Des maisons ont été endommagées, brûlées et détruites.

La justice qui devrait se montrer intransigeante face à un tel acte qui remet en question purement et simplement la démocratie et l’Etat de droit dans le pays, se trouve inexistante, impuissante sinon complaisante vis-à-vis des commanditaires de cet odieux crime.

Si la justice haïtienne peine ou choisit délibérément de ne pas se statuer sur cette affaire, beaucoup d’organisations nationales et internationales l’ont sévèrement condamnée. Les différents résultats d’enquête publiés par plusieurs d’entre elles, pourraient, si l’envie avait été manifestée, aider les autorités judiciaires à faire bouger le dossier déjà pendant devant la Cour de Cassation.

Mais pourquoi l’affaire, jusqu’à présent, n’a-t-elle pas bougé d’un pouce?

Des rapports publiés par différentes organisations de droits humains en Haïti et l’ONU, épinglent plusieurs officiels de l’administration de Jovenel Moise. Il s’agit entre autres de Joseph Pierre Richard Duplan, délégué départemental de l’Ouest, Fednel Monchery, directeur général d’alors du MICT et Pierre Léon Saint Rémy. Tout cela a dû être possible grâce au chef de gang Jimmy Chérizier, alias Barbecue qui supportait le pouvoir du PHTK. D’ailleurs, il est considéré par plus d’un comme le principal meneur de cette désastreuse attaque.

L’exécutif empiète sur le judiciaire, c’était là le point fort du pouvoir de Jovenel Moïse. Avec tous ces proches du pouvoir PHTK indexés dans la commission du crime, on ne pourrait s’attendre à un autre traitement du dossier.

Le chef de gang Barbecue a véritablement pris naissance à partir de sa participation présumée dans cette attaque. La justice n’a pas tracé d’exemple en mettant tout en œuvre pour traquer et stopper ces semeurs de trouble au sein de la population. La situation aujourd’hui devient plus que préoccupante et quasi-irrémédiable. Les gangs se multiplient et font la loi comme bon leur semble, le kidnapping augmente et personne n’est épargné, la guerre des gangs rivaux continuent de provoquer la mort de nombreux innocents, dans le cas contraire ils doivent laisser leurs maisons sans une destination à proprement dite. La peur et le désespoir deviennent le quotidien de la population haïtienne. Déjà considérés presque partout comme persona non grata, fuir le pays est pour beaucoup de compatriotes la meilleure chose à faire pour un plus prospère avenir.

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