(TripFoumi Enfo) – En Haïti, s’il y a quelque chose qui nous perdra, c’est notre manque criant de mémoire (c’est malheureux). Nous oublions vite les gens qui nous ont fait du mal durant leur passage au pouvoir. Et quand ils reviennent, le pire, avec la même peau et la même tête, nous leur offrons une haie d’honneur. Nous nous acharnons sur les dirigeants corrompus, incompétents, tueurs de rêves, mais dès lors qu’ils démissionnent… (que dis-je ? Ça n’arrive jamais en Haïti), une fois qu’on leur donne un poste moins exposé, ou qu’on les vire tout simplement, ils deviennent automatiquement des saints et des prétendants naturels à un poste électif, ou tout bonnement de bons conseillers. Ils reviennent beaux comme le soleil, et promettent monts et merveilles, sans la moindre explication sur les torts qu’ils nous avaient causés auparavant. Même indexés dans des actes de criminalité, de corruption de tout genre, ils réapparaissent quelque temps plus tard immaculés. Et le peuple, hospitalier comme lui seul, les reçoit en héros.
Un bref petit rappel du passage du Dr Claude Joseph à la tête de l’État s’impose. Le 5 mars 2020, il devient ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement Joseph Jouthe. Après la démission du gouvernement dirigé par ce dernier, Claude Joseph est nommé Premier ministre par intérim par le président Jovenel Moïse le 14 avril 2021 pour une durée de 30 jours. Il est reconduit le 14 mai pour une durée identique, puis le 14 juin. Le 5 juillet, Ariel Henry est nommé Premier ministre.
Le 7 juillet, il (Claude Joseph) annonce l’assassinat du président Jovenel Moïse. Quelques heures après les événements, il décrète l’état de siège.
Le nouveau contexte
La succession présidentielle est contestée. Alors que la version initiale de la Constitution de 1987 prévoit une succession par le président de la Cour de la cassation, ce dernier, René Sylvestre, est mort le 23 juin 2021 de la Covid-19 sans avoir été remplacé. La version de 2012 prévoit un intérim par le Conseil des ministres puis l’élection d’un président de la République provisoire par l’Assemblée nationale pour terminer le mandat en cours. D’autre part, le poste de Premier ministre est disputé entre Claude Joseph et Ariel Henry, nommé le 5 juillet. Enfin, Joseph Lambert, président du Sénat de la République, est désigné le 9 juillet 2021 par une résolution du Sénat pour assumer la présidence de la République à titre intérimaire. L’investiture de Lambert, prévue pour le 10 juillet, est finalement reportée à la “demande des États-Unis”.
Le 19 juillet, Claude Joseph accepte de démissionner en faveur d’Ariel Henry, demeurant ministre des Affaires étrangères dans le nouveau gouvernement qui prend ses fonctions le lendemain. Il quitte ses fonctions le 24 novembre suivant et est remplacé par Jean Victor Généus.
Quelques événements survenus durant le mandat de M. Claude
- 28 août 2020, assassinat du bâtonnier de l’Ordre des avocats de Port-au-Prince, Me Monferrier Dorval ;
- 29 juin 2021, massacre à Delmas 32 et en même temps, assassinat de la militante Antoinette Duclair et du journaliste Diego Charles à Christ-Roi. (On aurait cru à un acte de diversion, mais ça, on ne le saura peut-être jamais ) ;
- 7 juillet 2021, assassinat de Jovenel Moïse, président d’Haïti ;
N’oublions pas
Comment, en un peu plus d’un an, un ancien dirigeant dont le bilan est aussi macabre peut être de bon conseil ou briguer à nouveau un poste électif ?
Haïtiens, il est important et même urgent de demander des comptes à ceux qui nous ont fait du mal. Et Claude Joseph ne saurait se présenter comme un bon patriote, prétextant défendre la patrie contre le racisme des dirigeants dominicains à l’encontre de notre peuple, et drainer derrière lui une frange de notre société qui pourrait nous être vraiment utile, alors qu’il a été bien placé pour améliorer notre quotidien. M. Claude Joseph, comment Haïti pourrait-elle se renouveler avec vous dont le nom est cité dans l’assassinat de l’ex-président Jovenel Moïse sans que vous n’ayez entrepris aucune démarche juridique pour vous blanchir ?
Vous êtes un intellectuel, vous devez savoir qu’il y a des choses qui précèdent d’autres.
Comment vouloir montrer la voie alors que vous avez grandement contribué à l’assombrir ?
Sachez, monsieur Claude Joseph, si vous ne pouvez pas vous taire et attendre que la Justice fasse la lumière sur votre cas, que l’attitude la plus noble serait d’entreprendre vous-même (écrit plus haut) toutes les démarches juridiques pour vous laver de tout soupçon. Au lieu de cela, nous prenant tous pour des idiots, vous continuez à vous faire passer pour un saint et osez mettre sur pied un parti politique sous l’appellation d’EDE (Engagés pour le Développement) et drainer des jeunes désespérés sous de fallacieux prétextes et de promesses. N’êtes-vous pas un énième ennemi du peuple haïtien qui veut se faire une fortune ? Laquelle semble la seule motivation des dirigeants haïtiens.
Comment faire du nationalisme votre cheval de bataille par rapport au racisme de la République voisine alors que l’urgence sur notre territoire national n’a rien à voir avec votre soi-disant combat ?
L’Haïtien se morquerait du racisme de n’importe quel autre peuple s’il pouvait vivre paisiblement dans son pays.
Je répète pour vous, car vous semblez ne pas l’appréhender : certaines choses précèdent d’autres.
Voici ce qui précède vos entreprises mesquines et intéressées : de bonnes conditions de vie sur le territoire haïtien. Ici, vous et vos semblables nous les avez privées.
Que vous ayez rassemblé des milliers de jeunes ne fait pas de vous un leader, et si oui, Haïti n’a décidément pas besoin des gens comme vous, car vous avez déjà participé à un gouvernement corrompu et corrupteur, vous en étiez même un décideur. Claude Joseph, vous aimez à préciser dans toutes vos affiches que vous êtes un ancien Premier ministre, mais vous avez omis de nous présenter votre bilan positif. Vous jouez sur le fait qu’en Haïti beaucoup de nos compatriotes sont amnésiques et monnayables. La mesquinerie est donc pour vous plus importante que le bien-être du pays ?
Il est temps pour nous de construire un pays, de nous défaire des méchants, des voleurs, des assassins, des corrompus et des corrupteurs. Vous devez d’abord nous convaincre que vous n’êtes pas de ceux-là avant de prétendre à quoique que ce soit, et vous savez comment le faire. Faites-le. Ce serait plus juste pour ce peuple qui souffre tant.
