Sous les auspices du poète Ricardo Boucher, un atelier de poésie, auquel une quinzaine de jeunes ont participé, s’est déroulé du 20 au 25 juin dans les locaux de Kitmédias, à Turgeau. “Port-au-Prince se repeuple de poèmes”, voilà le thème qui a été choisi par le jeune Port-au-Princien qui, par ce choix, questionne un narratif construit sur la capitale haïtienne, à savoir seule la violence structure les relations sociales dans cette ville.
“Vous avez comme impression que Port-au-Prince n’ouvre ses bras qu’aux crimes. Et de ce fait, tisser des liens dans cette capitale, en dehors de la violence qui y prévaut, ne serait pas envisageable”, constate Ricardo Boucher. Et de poursuivre : “Malgré cette situation, la ville ne cesse de produire du beau et elle excite. Et le narratif d’une ville engluée uniquement de violence est un piège à éviter”.
C’est à partir de macabres constats que Boucher a offert la possiblité à au moins quinze jeunes de serrer la main avec cette belle chose qu’est la poésie. “Cet atelier est avant tout un prétexte pour aider ceux issus des quartiers défavorisés de manière à éviter qu’ils suivent la voie de la violence, mais également je fais de la poésie comme un espace de rencontres et militance”, dit-il.
Le dernier jour de l’atelier, soit le dimanche 25 juin, une lecture-spectacle a été organisée afin de permettre à ces jeunes amoureux de la littérature, notamment de la poésie, de faire une restitution de leurs travaux. “C’était avec un sentiment de joie que j’avais pris part à cet atelier”, se réjouit Kentina Nozil, 21 ans, étudiante en Sciences juridiques.
Quant à Gacheky Rosier, également un bénéficiaire de cet atelier et étudiant finissant en Agronomie, il estime que l’expérience à cet atelier est d’autant belle qu’il a eu la possibilité de lier contact avec des jeunes très talentueux. “Au cours de cet atelier, Ricardo nous également appri l’importance de la dialectique dans la lutte pour la transformation de la société haïtienne”, raconte le jeune Gacheky.
Si ce dernier envisage déjà de publier un ouvrage dans pas trop longtemps, quant à Kentina, elle ne compte pas faire carrière comme s’il s’agissait d’une vocation dans le domaine de l’écriture. “Toutefois, je vais continuer d’écrire, car cela me libère”, promet la jeune fille.
Ricardo Boucher invite à repenser le discours sur Port-au-Prince. “Nous pouvons continuer de rêver, d’espérer tout en nous engageant pour combattre la situation cahotique dans laquelle se trouve le pays”, conscientise le jeune éducateur populaire qui en profite pour remercier la FOKAL, Kitmédias, Kav-Alye Pierre, Wood-Jerry Gabriel, Samuel Suffren, Junior Neptune, Frantz Providence qui l’ont aidé à réaliser cet atelier.
