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À l’approche de l’arrivée de la mission d’évaluation kényane en Haïti, les gangs se déchaînent

Étant conscient de son incapacité à garantir la sécurité dans le pays, le gouvernement de facto que dirige le docteur Ariel Henry a sollicité l’appui de l’international pour faire face à la crise humanitaire. Cette demande a été faite par le biais d’une résolution prise en Conseil des ministres à l’extraordinaire en date du 7 octobre 2022, bien qu’avant la demande, le ministre des Affaires étrangères, Jean Victor Généus, avait déclaré que tout était globalement sous contrôle lors d’un discours au Conseil de securité de l’ONU.

Depuis la demande du Premier ministre, les membres du Conseil de sécurité de l’ONU ne cessent de se réunir sur la question d’Haïti en vue de prendre une résolution pour le déploiement d’une force internationale robuste en Haïti, capable de contrecarrer les actions des gangs. Les États-Unis, de part leur hégémonisme en Haïti, étaient très réticents au sujet du déploiement de cette force internationale. Ils s’étaient tournés vers le Canada qui, lui aussi, ne voulait pas prendre la tête d’une force multinationale en Haïti.

Après tant de tergiversations de la part de l’international, un pays africain se propose finalement pour prendre la tête d’une force multinationale en Haïti tout en proposant un millier de policiers. Il s’agit du Kenya qui a fait l’annonce à travers un communiqué publié le samedi 29 juillet 2023. Plusieurs autres pays, comme les Bahamas, la Jamaïque, ont vu de bon œil l’initiative du Kenya et ont proposé de le rejoindre pour la formation de cette force. Les États-Unis, eux aussi, se sont engagés à dégager des resources pour soutenir cette force multinationale qui devrait arriver en Haiti sous le leadership du Kenya.

La mission d’évaluation kényane devrait se rendre en Haïti à partir de la semaine du 19 août 2023. À la veille de cette date, les gangs du pays se réactivent et se déchaînent simultanément. S’agit-il d’une simple coïncidence ou ce déferlement des gangs est-il au profit d’un groupe quelconque?

À ces interrogations, il faut voir la communauté internationale, particulièrement les États-Unis. Ne voulant pas intervenir directement pour leurs expériences catastrophiques dans des interventions en Haïti, les Américains ne voulaient pas débarquer encore une fois en Haïti avec leur troupe, mais ils chercheraient à tout prix un autre partenaire pour prendre la cause, moyennant qu’ils soient toujours au contrôle de la situation.

Au moment où les États-Unis ont félicité le Kenya pour avoir accepté de prendre la tête d’une force multinationale en Haïti, la violence des gangs de Vitelhomme a forcé les États-Unis à fermer les portes de son ambassade en Haïti. Et toujours à cause de la terreur de ces gangs, beaucoup de résidents de Tabarre étaient obligés de se réfugier devant les bâtiments de l’ambassade des États-Unis en Haïti. C’était une bonne occasion pour prouver la faiblesse de la Police Nationale d’Haïti (PNH), d’où la nécessité d’une force étrangère pour neutraliser les gangs armés.

Par ailleurs, le quartier de Carrefour-Feuilles qui était sous la menace des bandits de Grand-Ravine depuis environ huit mois, allait connaître une vague de violences dès le début du mois d’août 2023. Au cours de ces différentes attaques des bandits dirigés par Ti Lapli, les policiers de Carrefour-Feuilles ont tenté de résister, mais malheureusement les bandits ont assassiné deux d’entre eux (Eddy Dorisca, 18ème promotion et Anescat Elixon, 28ème promotion). Selon le Réseau de Défense des Droits Humains (RNDDH), le bilan est de 45 morts.

Seulement à quelques jours de la date qui était annoncée pour l’arrivée de la mission d’évaluation kényane en Haïti, les gangs sèment la pagaille partout dans le pays. Le 15 août 2023, des hommes armés ont attaqué une patrouille de la PNH à Carrefour, deux policiers de l’Unité Départementale de Maintien de l’Ordre (UDMO) sont sortis grièvement blessés. Le mercredi 16 août 2023, les gangs de « Kokorat San Ras » ont secoué la Croix-Périsse et au cours d’une attaque sur les patrouilles de la PNH, les bandits de ce gang ont brûlé un véhicule de la PNH et saisi deux fusils appartenant à l’institution.

Jusqu’au 17 août 2023, les gangs ont continué à semer la terreur. À l’aube de la journée du 18 août, les gangs de Canaan ont attaqué Rosemberg, une localité de Bon Repos, dans la commune de la Croix-des-Bouquets. Par ailleurs, dans cette même journée, la situation était tendue dans d’autres localités comme Cité Doudoune, Beudet, Meyer, Lilavois, etc.

Et pour finir, dans l’après-midi de cette journée du 18 août, les hommes armés du Bel-Air ont attaqué Solino. Et comme d’autres déplacés, les résidents de ce quartier ont déjà commencé à quitter leurs maisons. Voilà, en gros, la situation résultant des exactions des gangs armés dans le pays à la veille de l’arrivée de la mission kényane en Haïti. Doit-on croire que les actions des gangs sont isolées et ne sont contrôlées par aucun secteur ?

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