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Rivière du Massacre : silence radio de la “Bourgeoisie haïtienne”

Des Haïtiens à Ouanaminthe veulent réduire la dépendance d’Haïti vis-à-vis de la République Dominicaine en matière d’alimentation. À cet effet, ils ont repris les travaux de construction du canal d’irrigation sur la Rivière du Massacre pour l’arrosage d’une partie de la plaine de Maribaroux. Si beaucoup de secteurs de la vie nationale se positionnent pour la poursuite de l’ouvrage, toutefois la “Bourgeoisie haïtienne” se réfuge dans un silence de plomb, qui mérite d’être questionné.

Selon le dernier rapport de classification intégrée de la sécurité alimentaire (IPC), 44% de la population haïtienne se trouve dans une situation alarmante. Cette situation est considérée par plus d’un comme une gifle aux idéaux de la révolution haïtienne. Offusquées face à cette dégradation de la vie dans le pays, des organisations sociales et paysannes veulent redorer le blason d’Haïti par l’agriculture, un des potentiels productifs du pays.

Malgré les mesures prises par l’administration dominicaine comme celles de fermer toute la frontière de son pays avec Haïti et de ne pas octroyer de visas aux Haïtiens, des citoyens haïtiens, artistes, groupes musicaux, commerçants, entre autres, ont apporté leur support et continuent de le faire pour que puissent s’achever les travaux, car selon eux, ce canal participera à réduire la dépendance alimentaire du pays par rapport à son pays voisin.

Si, par le passé, Haïti vivait grâce à l’agriculture à plus de 60%, depuis les années 80, la donne n’est plus la même. En effet, la libéralisation de l’économie du pays, qui entraîne la privatisation de certaines institutions étatiques, altère les conditions de production agricole du pays. Le secteur de la bourgeoisie haïtienne est pointée du doigt comme le véritable bénéficiaire de cette libéralisation reposée sur le libre-échange, l’État étant mis hors-jeu.

Depuis, Haïti plonge davantage dans une totale dépendance. Selon les chiffres communiqués par le ministère de l’Agriculture (2014-2015), sur 500 000 tones de riz consommés par les Haïtiens, le pays ne produit que 100 000. Ces données traduisent la dépendance alimentaire du pays et le non investissement de la classe économique dans la production nationale.

Tout compte fait, la construction du canal d’irrigation sur la Rivière du Massacre interpelle. Elle questionne l’attitude de la bourgeoisie haïtienne par rapport aux initiatives prises par des organisations sociales et paysannes pour réorienter l’économie du pays à partir de l’agriculture.

Peut-on attendre un support financier de la bourgeoisie comme l’ont déjà fait plusieurs secteurs du pays ? Cette initiative citoyenne ne devrait-elle pas être une source d’inspiration pour relancer l’économie du pays, à genoux depuis pas mal de temps ?

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