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La quête de l’eau, celle de la vie !

Élément vital, non seulement pour la faune, mais également pour la flore, l’eau, qu’on se le dise, est indispensable pour assurer la vie sur terre : ce que bien des gens ont compris. Le plus célèbre d’entre tous, même fictif, Manuel qui, après avoir passé 15 ans à travailler la terre à Cuba, était revenu dans son pays, pour mener un noble combat. Pour que Fonds-Rouge, son village natal, puisse échapper à cette terrible douleur qu’est la sécheresse, il s’est sacrifié. Il a laissé couler son sang pour la paix, pour l’espoir, pour l’eau, donc pour une nouvelle communauté.

À travers le protagoniste principal de son célèbre Roman “Gouverneurs de la Rosée”, Jacques Roumain nous indique le chemin à prendre pour sauver ce qui peut être sauvé de ce pays ravagé par les conflits entre ses fils et filles. Le flambeau de l’espoir peut rester vif en pensant à ce sacrifice de cet ancien travailleur dans les plantations de Cannes, destinées à faire fructifier le capital d’une poignée de gens et ce, au gran dam de la masse laborieuse.

L’eau n’assure pas uniquement le bon fonctionnement de l’organisme en apportant les nutriments pour lui, elle est utilisée aussi pour l’arrosage des terres pour l’agriculture. Autrefois, plus de 60% de la population haïtienne vivait grâce à la terre. Mais, la libéralisation de l’économie du pays au début des années 1980 a porté un coup fatal à la paysannerie haïtienne où l’agriculture se pratiquait le plus.

L’application des politiques néo-libérales accélère la migration des paysans vers les villes et provoque l’insalubrité de celles-ci. Habitant dans des espaces abandonnés par l’État, ces paysans convertis en ouvriers dans des usines capitalistes oublient la terre, ce symbole de liberté pour bon nombre de captifs qui ont combattu pour l’indépendance, proclamée le premier janvier 1804.

Plus de 40 ans après le choix de libérer l’économie du pays, rien n’est fait en termes d’amélioration des conditions de vie. Haïti s’engouffre dans la misère, l’insécurité et les crises politiques récurrentes. Ses fils et ses filles sont contraints de partir pour d’autres terres, en quête d’un aller mieux. Beaucoup se sont réfugiés aux États-Unis, au Canada, au Chili, au Brésil et, un peu plus tard, insécurité oblige, en République Dominicaine.

La terre est considérée abandonnée. Voulant sortir de l’attentisme et de l’assistanat, certains paysans à Ouanaminthe sont partis à la quête de l’eau pour la terre. Les travaux de construction du canal d’irrigation sur la Rivière du Massacre sont repris. Une lueur d’espoir pour la résolution de la crise alimentaire qui frappe gravement le pays. Ces Haïtiens ont compris que l’eau est dispensable à la terre, à la vie, à l’homme, pour assurer sa reproduction.

En dépit des mesures prises par la République Dominicaine pour exiger la cessation des travaux sur cette rivière transfrontalière, ils sont nombreux les Haïtiens à ne jurer que par l’achèvement de l’ouvrage. Rechercher l’eau est pour eux une quête de la vie. Ensemble, disons : Kanal la p ap kanpe !

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