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Sommes-nous au temps du dialogue ou de la justice?

Depuis le moment où les contestations s’élèvent contre le président de la République, il initie un nouveau terme dans l’ère médiatique qui fait débat, manipule, crée et détruit. Nous parlons de la question de dialogue. Malgré les menaces et les intimidations que Jovenel Moïse tend vers ses adversaires politiques, il s’est toujours accroché au dialogue. Toutefois, nous ne devons pas oublier l’erreur qui lui a causé cette profonde crise qu’endure son quinquennat.

Tant bien que mal, Jean Henry Céant a été le ministre qui s’est fait distinguer parmi ceux qu’a connu la présidence de Jovenel Moïse. Le notaire ne lui a pas seulement donné un pacte de gouvernabilité. Il a déposé sous les mains de Jovenel les membres de l’opposition modérée. En raison d’une méfiance désenchantée, l’égo du Chef de l’État a dirigé son être vers des propos qui visent à blâmer son premier ministre, lui reprochant de son incapacité à faire venir les membres de l’opposition radicale. Alors, puisque l’opposition modérée s’était radicalisée, par rapport à l’évolution de la crise, Jovenel Moïse s’est entièrement donné à la question de dialogue, s’apprête aussi à tout livrer pour qu’il garde encore la barque du pays.

Un dialogue exclusif a pondu Fritz William Michel à la primature. La chambre des députés a laissé passer sans grand débat le jeune de 38 ans. Le sénat s’érigeait en la géante barricade, dénonçant le PM désigné, impliqué dans plusieurs dossiers louches, notamment une affaire de cabris. Il est accusé de délit d’initié. Lapin qui a remplacé provisoirement Céant continue pour la plus belle. Il a même engagé l’État, malgré son statut de provisoire qui lui profère l’ultime obligation d’assurer les affaires courantes.

Pour se démêler, l’exécutif joue pour de vrai la carte de dialogue avec une opposition qui n’entend pas obtempérer. Des leaders d’opinion proches du pouvoir alimentent la nappe médiatique avec des discours partant en la faveur de Jovenel Moïse. Il a jeté le dé, pensant que tout est joué. Reste maintenant l’opposition qui se distancie de toute cohabitation avec le pouvoir.

Et la justice en tout ça…

La justice, pour laquelle plusieurs citoyens ont risqué leur vie, se mettant tous les jours dans des rues d’un pays intolérant, est loin d’être au centre du débat. Le dialogue autour duquel est basé le débat n’est pas différent de celui qui se manifeste tous les jours, tous les mois, tous les ans, sous diverses formes.

Séparation de responsabilité

Le très beau et joli nom que donnent nos politiciens à cette pratique de partage de gâteau est : partage de responsabilité. Un nom qui est très cher à Garry Bodeau, président de la chambre des députés. En juillet 2018, il a même déclaré au micro d’un journaliste de radio Ginen : “Et les pauvres gens, nègres, qui sont dans la classe moyenne, n’auront-ils donc rien?”. Juste pour vous donner une idée de la manière que cela fonctionne.

Alors, les ministères seront exposés sur la table de discussion, chaque politicien vont exiger une personne pour chaque fonction. Le gâteau, étant partagé, connaîtra le sort habituel. Un ensemble de gourmands vont s’enrichir avec le peu qui reste dans le trésor public, et le pays connaîtra une dimension plus nauséeuse et morbide.

Pourtant, partant avec l’idée que c’est à la justice de redorer le blason de ce pays qui est agenouillé dans une boue d’impunité, nous aurions un pays d’hommes et de filles intègres. Le président ne se contenterait pas de dire tous les jours qu’il est innocent pour les actes qu’on l’accuse. Il se serait juste présenté par devant un juge et ce dernier agirait en toute âme et conscience, sans intimidation ou menace.

Ce serait pareil pour les dilapidateurs du fonds PetroCaribe. Ceux qui ne se mêlent ni de près, ni de loin, dans l’affaire trouveraient justice. Les vrais coupables purgeraient leurs peines convenablement. Ce serait un signal fort pour la nouvelle Haïti souhaitée. Les jeunes qui se méfient de tous ces politiciens se feraient une autre idée des personnalités politiques actives dans l’arène. Plusieurs ne sont impliqués dans aucun acte de corruption, mais par le fait qu’une présomption de corruption prédomine les idées, les gens affichent un nouveau tempérament à leur égard.

En crime financier, il n’y a pas d’amnistie. Le dialogue qui nous hante l’esprit est semblable à ce terme. Ce qui permettra aux coupables d’avoir une nouvelle vie, toute fraîche… puisque l’impunité engendre la prolifération des infractions, les novices vont suivre les traces de leurs précédents, avec l’espoir qu’ils seront aussi lavés. Ainsi de suite…

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