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Pourquoi cesse-t-on d’exister les samedi et dimanche en Haïti ?

(TripFoumi Enfo) – Au lendemain de 1803, le plus grand défi à relever pour les désormais anciens esclaves à Saint-Domingue fut l’édification de l’État-Nation. En d’autres termes, les anciens et les nouveaux libres étaient appelés, conformément à l’idéal de la proclamation de l’indépendance en 1804, à mettre en place un organisme qui pouvait répondre aux aspirations de tout le monde, qu’il soit Blanc ou Noir.

Les premiers moments de cette dynamique aboutirent à un drame : celui de l’assassinat de Jean Jacques Dessalines, le premier chef d’État d’Haïti. La disparition de ce dernier peut s’expliquer par sa réponse aux anciens libres, et nous citons : “quand nous avons combattu les Français, personne n´avait réclamé l´héritage de son père. Maintenant que nous sommes devenus libres, on veut s´approprier les biens vacants. Les noirs, dont les pères sont en Afrique, n’auront-ils rien ?”.

Cet assassinat marque le point d’aboutissement d’une rupture entre les aspirations des groupes dirigeants des forces révolutionnaires et les masses populaires. Cette division a donné lieu à une véritable rivalité entre Henri Christophe, supporté par les nouveaux libres et Alexandre Pétion, épaulé par les mulâtres. Les deux hommes avaient chacun une vision du cadre de l’existence de l’État : République, du côté de Pétion, et Monarchie, de celui de Christophe.

À la suite de la mort de ce dernier en 1820, la République triomphe. Mais, de 1849 à 1859, l’entreprise républicaines est mise à l’écart par Faustin Soulouque. La crise haïtienne, reposée sur l’opposition entre masses populaires et les secteurs élitaires n’a, malheureusement, pas permis aux Haïtiens de mettre en place l’État-Nation, donc au service à la fois des larges masses populaires et des élites dirigeantes.

Depuis, l’État est accaparé par un petit groupe de personnes et ce, au détriment de la plus grande majorité “des citoyens”. Sur ces entrefaites, plusieurs interrogations surgissent : Pourquoi, en Haïti, les samedi et dimanche, les institutions étatiques n’offrent aucun service ? Pourquoi, par exemple, la Banque de la République d’Haïti (BRH) ne tient pas compte des transactions effectuées au cours de ces deux jours ? Pourquoi les services judiciaires sont partiels ?

Par ailleurs, la presse, considérée indépendante, informe peu au cours de ces deux jours. Donc, pourquoi la plupart des médias traditionnels suspendent leurs éditions de nouvelles les samedi et dimanche ? Voilà un ensemble d’interrogations qui nous interpellent, ce pourquoi nous demandons : pourquoi cesse-t-on d’exister les samedi et dimanche ? Comme disait le poète Jean Verdin Jeudi “Si foli n te foli, lè isit Leta pa t ap Leta […] domaj kòlè n se yon lèt bèf ki boude djòl li sou dife”

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