Dans un pays rempli de stress comme Haïti, où l’insécurité sous toutes ses formes se fait sentir depuis presque toujours, où l’espérance de vie globale calculée de la population se trouve en dessous de 70 ans, arriver à dépasser ce seuil est présentement considéré comme un défi voire atteindre la mythique barre des 100 qui est aujourd’hui partout dans le monde un cas devenu très exemplaire, une très grande bénédiction. Et il est encore beaucoup plus spécial, unique, de vivre plus d’un siècle et de voir grandir sous ses yeux, en bonne santé, les nombreuses progénitures ayant découlé de ses entrailles. C’est le cas de Grann De qui a vu sa quatrième génération.
Née le 1er Mai 1923 à coupe-à-l’Inde, dans la commune des Gonaïves, Grann De de son vrai nom Celamise Guillaume est mère de 3 enfants, grand-mère de 10 petits-enfants, bisaïeule de 35 arrière-petits-enfants et trisaïeule de 3 arrière-arrière-petits-enfants. Mme Celamise est chrétienne, commerçante, ménagère. Elle est dotée d’une générosité hors du commun. Aimante et bienveillante envers sa famille, son église et les gens qui l’entourent, elle frôle la perfection dans ses qualités.
Celamise Guillaume a fêté ces 100 années d’existence en grande pompe. En prélude de son centenaire, les petits enfants de Grann De ont organisé une tournée à Labadee, un petit coin paradisiaque du pays, où elle a passé environ 2 jours en compagnie de sa famille à admirer les grandeurs de Dieu. Le jour J, la mission Eben-Ezer qu’elle a desservie pendant quelques dizaines bonnes années avait tenu à honorer cette colosse qu’elle représente. En ce sens, la cafète de la mission Eben-Ezer a reçu plus d’une cinquantaine de familles, proches et anciens de l’église qui voulaient saluer le centenaire de la Reine du jour.
Possédant toutes ses capacités cognitives et une capacité auditive raisonnable pour son âge, Grann De s’est confiée à la rédaction de TripFoumi Célébrité et en a profité pour prodiguer quelques conseils aux jeunes filles en disant : “Mwen menm lè m te ti jenn fi, se paran m ki te konn fè renmen, se pa menm jan ak kounya. Mwen konseye jenn medam yo kenbe tèt yo”.
Être centenaire en Haïti signifie avoir connu au moins 23 chefs d’État. C’est une chance inouïe d’être le témoin oculaire de différentes luttes historiques d’Haïti. À ces propos, Grann De a fait la comparaison entre ce qu’elle a vécu pendant la période duvaliériste et la situation actuelle d’Haïti. “Sa n ap viv la pa gen anyen pou wè ak sa k te pase sou Duvalier. Makout pa t konn aji konsa, fòk ou te annafè ak yo pou ou te viktim”, a-t-elle relaté sur l’insécurité qui fait rage en Haïti.
“Renmen youn lòt, sa w pa ta renmen yon moun fè w, pa fè l li”, un conseil salutaire que Grann De a donné à la jeunesse haïtienne, que l’un de ces arrière-petits-fils a qualifié de règles d’or. Grann De a continué pour dire : “Jenès la dwe tounen nan Agrikilti, bay enpòtans ak edikasyon epi manifeste tolerans anvè youn lòt”. Venant d’une femme qui a vécu un siècle, qui a travaillé dur pour l’élévation de ses enfants et qui continue jusqu’à aujourd’hui à contribuer dans l’éducation des ses arrière-arrière-petits-enfants, ces conseils d’une qualité pure et forte méritent d’être suivis.
Comme dit le dicton :”Quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle”. On espère très sincèrement que les autorités et les médias de la ville des Gonaïves, ville de résidence de Grann De, profiteront de la présence de cette dame extraordinaire pour réécouter l’histoire du pays et acquérir de nouvelles connaissances acquises de par son siècle d’expérience. Que le reste du séjour de Grann De sur terre continue d’inspirer les jeunes d’aujourd’hui qui, pour beaucoup, n’ont aucune direction pour leur vie. À ses enfants, ses petits-enfants, ses arrière-petits-enfants et ses arrière-arrière-petits-enfants, connaissant une vie de joie, d’amour aux côtés de Grann De qui n’a rien à envier à la vie, l’on souhaite de nombreuses années encore.
