Ce 1er juin 2023 ramène les deux ans d’un grand conflit armé entre deux gangs rivaux dans le quartier de Martissant, situé à l’entrée Sud de Port-au-Prince. Beaucoup d’usagers de la Route Nationale #2 sont morts et d’autres blessés ou kidnappés en essayant de traverser la zone. Ce sont des bandits armés qui dictent aux usagers quoi faire, alors que les autorités étatiques s’offrent une existence douce, donc au mépris de la douleur des victimes. Deux ans après, traverser Martissant, c’est encore ceci : frôler la mort !
5 jours après la prise en otage du quartier de Martissant par des civils armés, soit le 6 juin 2021, l’ancien Premier ministre par intérim d’alors, Claude Joseph, avait assuré que le gouvernement y avait fait revenir le calme. “J’ai emprunté la route de Martissant à la Marine haïtienne, en passant par la Place de Fontamara, pour constater, de visu, que l’institution policière a pu y ramener l’ordre et rouvrir la voie à la circulation, conformément aux directives du CSPN”, écrivait-il.
Ce tweet avait choqué plus d’un dans la mesure où tout était encore resté au point mort dans ce quartier, abandonné par ses résidents. Les bandits armés s’affirment et continuent de faire parler leurs armes. Selon le Mouvement Unifié des Transporteurs Haïtiens (MUTH), près de 25 personnes sont déjà tuées, une centaine d’autres blessées et 300 véhicules détournés par les voyous. Ces derniers défient des agents de l’ordre et alimentent leur entreprise de kidnapping.
Si, à partir d’un tweet de la communauté dite internationale, Ariel Henry avait succédé à Claude Joseph à la tête de la Primature le 20 juillet 2021 et que ses priorités consistaient à faire rétablir l’ordre et organiser les élections, presque deux ans après, rien ne change. Au contraire, la situation s’est empirée. Au moins 16 massacres et attaques armées sont enregistrés, pendant sa présence comme l’unique chef du gouvernement, selon la Fondation Je Klere dans son rapport publié en avril dernier.
Si une présence policière a été remarquée dans la zone du Bicentenaire, près de Village-de-Dieu ou niche le puissant Gang “5 segond”, dirigé par Johnson André alias Izo et Manno ainsi connu, aucun bilan satisfaisant n’a été pourtant publié par les autorités. Une excavatrice appartenant à la police a été incendiée par les soldats de Izo et Manno au moyen de cocktails molotov dans la zone précitée.
Le pays, rongé par l’insécurité, se trouve au bord du chaos. La crise socio-politique et économique s’aggrave. Ariel Henry peine à accomplir les missions qu’il s’était assignées : rétablissement de l’ordre ou de l’autorité de l’État et réalisation des élections pour renouveler le personnel politique. Jusqu’à présent, l’État que dirige M. Henry est encore tenu en échec dans le combat pour la reprise du contrôle du quartier de Martissant !
