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« Atè a plen tè », dit Ariel Henry, s’appuyant sur l’international pour garder son poste

Alors que rien ne va en Haïti, Ariel Henry ne veut toujours pas entendre raison. Par conséquent, des mouvements anti-gouvernementaux ont été lancés dans de nombreuses villes du pays en vue d’« exiger le départ du Premier ministre ». Au cours de ces mouvements, plusieurs personnes ont été tuées par balle et d’autres blessées. Toutefois, dans son adresse à la nation, le neurochirurgien a tout bonnement dit : « Atè a plen tè ». S’appuyant sur la Communauté internationale, Ariel Henry consolide son pouvoir illégitime et non consenti.

Quelques jours avant le discours du Premier ministre de facto, les États-Unis et la cheffe de la mission des Nations Unies en Haïti ont apporté séparément leur soutien « inébranlable » à sa continuité au pouvoir jusqu’à ce que de nouvelles élections soient tenues. En effet, le gouvernement en place, ayant pris le pouvoir après la mort de Jovenel Moïse, n’a apporté que malheur, souffrance, larmes, sang, viol, kidnapping, sur tout le territoire national. Le bilan des personnes tuées, violées, kidnappées, durant ces derniers jours est lourd.

Mais, cela lui importe peu. Le peuple haïtien qui en a assez de l’incapacité du neurochirurgien, « incarnation de l’incompétence », a protesté ces deux derniers semaines, exigeant sa démission pour le bien de tous. Cependant, le PM a seulement repris les mots de ses supporters internationaux, les a lus, sans se soucier des maux infligés aux Haïtiens. Dans une courte vidéo préenregistrée, Henry a déclaré que ce pouvoir ne sera pas transmis à un autre gouvernement provisoire. Il pense pouvoir apporter une solution au phénomène de l’insécurité qui s’est empirée sous son gouvernement avec bien-sûr l’appui de la MMSS.

« Un gouvernement de transition ne peut pas remplacer un autre gouvernement de transition ». Si ces mots paraissaient peu explicites, il s’est, en revanche, expliqué et a fait comprendre que son remplaçant doit provenir des élections. Élections qui seront tenues une fois qu’il aura résolu le problème de l’insécurité. Ces mots sont exactement ceux qui ont été prononcés quelques jours avant par le chargé d’Affaires des États-Unis en Haïti, Eric Stromayer, lors d’une interview. Cette déclaration allait être renforcée plus tard par la cheffe du bureau de l’Organisation des Nations Unies à Port-au-Prince, María Isabel Salvador.

Le « copy-past » du Premier ministre

Au vu des détails du discours copié-collé d’Henry, il est fort probable que ce dernier ait pris, sans consultation à haut niveau, des résolutions aussi risquées dans un pays secoué au plus haut point par des tensions socio-politiques. Eric Stromayer s’est montré très explicite en ce qui à trait à son support au régime en place, qui ne respecte pas l’ordre constitutionnel. Il avait déclaré qu’Ariel Henry partirait « après les élections ». Par la suite, il a invité tous les acteurs haïtiens à dialoguer avec le PM pour parvenir à des « élections honnêtes et crédibles ».

Cela concorde également avec les paroles d’Henry, lorsque celui-ci avait parlé en ces termes : « Je pense que le moment est venu pour nous de commencer à réfléchir ensemble pour sauver Haïti, de faire les choses différemment dans notre pays ». Par ailleurs, à la veille de ladite adresse, la cheffe de la mission de l’ONU en Haïti, María Isabel Salvador, avait indiqué une autre partie de ce que le PM doit marteler aux Haïtiens qui espéraient voir le neurochirurgien prendre une décision sage, comme le pense la Conférence des Évêques Catholiques d’Haïti.

Salvador avait assuré qu’« un gouvernement de transition ne peut, en aucun cas, remplacer celui d’Ariel Henry ». Il devrait céder le contrôle du pays à un gouvernement qui sera élu au suffrage universel direct. Sur ce, la marionnette a demandé aux Haïtiens de toutes les villes du pays qui se sont soulevés contre lui pour exiger son départ du pouvoir de garder leur calme. Une fois de plus, Ariel Henry a montré sa faiblesse caractérisée par son esprit fantoche et sa dépendance vis-à-vis de la Communauté internationale. Conformement à l’accord du 21 décembre 2022, la date du 7 février 2024 marque l’expiration de ce gouvernement qui se révèle tyrannique.

En cette date, il devait partir et passer le commandement aux élus. Mais, étant donné que ce n’est pas le souhait de ses Patrons, Ariel ne compte pas céder sa place. De par son message, il est clair que la possibilité ou encore la solution que les Haïtiens espéraient trouver en foulant le macadam le cœur fervent est quasiment impossible. Ce groupe qui dirige le pays en dehors de la Constitution l’a clairement montré dans son discours. « Deux gouvernements de transition ne peuvent pas se succéder…». Foutaise !

L’histoire des gouvernements provisoires en Haïti

Un gouvernement provisoire/transitoire est un gouvernement de courte durée dont la mission principale est d’organiser les élections. Celles-ci permettent de passer d’un régime illégal, illégitime, de facto, dictatorial, entre autres, comme celui d’Ariel, à un régime légitime et constitutionnel. Celui qui est le Président ou Premier ministre d’un gouvernement transitoire ou de facto a une durée inférieure à une année pour organiser les élections et céder sa place à un gouvernement élu, selon la Constitution haïtienne de 1987. Toute forme de gouvernement existant dans un pays, pour une raison ou une autre, n’a pas été élu selon les bases constitutionnelles, est considérée comme un gouvernement provisoire.

Haïti, malheureusement, a toujours été confrontée à ces genres de gouvernement. Certains ont pris le pouvoir par la force en recourant à l’utilisation de l’armée, qui, assez souvent, contraignait le Conseil des ministres pour accéder à la présidence. À titre d’exemple, on peut citer les six Présidents éphémères d’Haïti durant la période de l’occupation américaine. C’est cette période de l’histoire de la politique haïtienne que l’on considère comme étant la « descente aux enfers ». En quatre ans, Haïti a connu six Présidents, pire encore, en deux ans, elle a connu quatre Présidents. Cependant, rien n’est comparable à la gouvernance d’Ariel Henry.

Entre le départ de Paul Eugène Magloire et les élections définitives (12 décembre 1956 -22 septembre 1957) qui ont conduit à la victoire de François Duvalier (Papa Doc), le pays allait connaître une autre période d’instabilité, d’anarchie, de violences. Pendant dix mois, des luttes âpres seront menées pour le pouvoir opposant des partisans et adversaires des candidats à la présidence. Ils sont au nombre de onze en tout, en particulier, les quatre principaux candidats. Il s’agissait de Fignolé, Jumelle, Déjoie et Duvalier. Le suffrage universel donne à ces conflits une dimension nationale et aucun secteur n’y échappe : ni l’Armée, ni l’Église.

Ariel a beau mentir, mais l’histoire aura toujours raison !

Après la démission de Paul Eugène Magloire, le gouvernement provisoire a été confié au Président de la Cour de cassation, Me Joseph Nemours Pierre-Louis. À tort ou à raison, celui-ci a été accusé d’être un Magloiriste. Cela a poussé des candidats tels que Déjoie et Duvalier à renverser son gouvernement. Le 3 février 1957, devant la défection de ses troupes, Nemours Pierre-Louis est contraint de démissionner. Pour organiser les élections, il a fallu mettre sur pied un autre gouvernement provisoire pour combler la vacance présidentielle. La mésentente s’établit entre les candidats à la Présidence quant à l’interprétation de l’article 81 de la Constitution qui avait été appliquée en faveur de Nemours Pierre-Louis.

En effet, d’après cet article, après le Président de la Cour de cassation dans l’ordre des priorités pour la succession, on a le Vice-Président, ensuite le juge le plus ancien. Par conséquent, un autre problème survient dans ce processus puisque le Vice-Président de la Cour de cassation, à cette époque, Me Rodolphe Barau et le Juge le plus ancien, Me. Vilgrain, ont été nommés Secrétaires d’État par Nemours Pierre-Louis. De fait, ils ne font plus partie de la Cour de cassation. Dans ce climat marqué par la mésentente, Déjoie, appuyé par Washington, tout comme Ariel, se déclarait candidat favorable pour devenir président.

Toutefois, plusieurs autres personnes se sont portées candidates. François Duvalier Daniel Fignolé, Clément Jumelle, Franck Sylvain. Alired Viaud, Julio Jean Pierre Audain. Le 17 février 1957, Franck Sylvain est élu Président provisoire. Ce qui nous donne un 2e gouvernement provisoire après le départ de Magloire. Ariel a beau mentir, mais l’histoire aura toujours raison !

Le choix de Franck n’a pas pour effet de susciter un climat de confiance et d’apaisement nécessaire à l’organisation d’élections crédibles. Louis Déjoie n’y a pas pris part. Les accusations pleuvent ! Une action en justice est introduite contre le candidat Jumelle qui a été accusé de malversations. Entre-temps, du côté du gouvernement, on l’a accusé d’organiser des élections officielles en faveur de Papa Doc. Cependant, en réalité, Sylvain, manipulateur comme le PM Ariel, a seulement voulu manoeuvrer dans le but de conserver le pouvoir pour au moins deux ans. La tension monte. Les journalistes multiplient les dénonciations à la radio. L’Armée est invitée à intervenir.

Le 6 avril 1957, un gouvernement collégial est monté pour faire les élections en toute tranquillité. Mais, Duvalier rejette ce gouvernement en accusant les ministres fignolistes et déjoistes d’être détenteurs de portefeuilles importants, de préparer des élections officielles. Ce 3e gouvernement provisoire, contraint d’atteindre son objectif, a cédé sa place à Daniel Fignolé, en mai 1957. Cela dit, le discours d’Ariel consistant à faire comprendre que « deux gouvernements de transition ne peuvent pas se succéder…». C’est de la pure foutaise !

Il avait signé un accord lui octroyant la possibilité d’organiser les élections. En revanche, il n’a tout simplement rien fait parce que ses patrons ne veulent pas que la stabilité règne en Haïti. Les Américains ont contribué ouvertement à la destruction d’Haïti lorsqu’en 1888, ils ont ravitaillé les troupes d’Hyppolite pour renverser François Denis Légitime qui, face au candidat Télémaque Céide, a été soutenu par la France, alors que ce dernier avait l’appui de Washington.

Dans son ouvrage « Période Nationale nouveau secondaire lll & lV », Wesner Emmanuel écrit :

« Le 28 septembre 1888, Télémaque est tué au Champ d’une bagarre à Port-au-Prince entre les Partisans des deux Candidats. Le 16 décembre, l’assemblée Constituante nomme F.D. Légitime Chef du Pouvoir Exécutif. Pourtant, c’est la guerre civile qui dure plusieurs mois à Port-au-Prince. En effet, après la mort de Télémaque, ses troupes sont désarmées et renvoyées dans le Nord. Mais, du côté de l’Arcahaie, sur la Route Nationale longeant la côte, elles sont approchées par des [ responsables d’un navire américain ]. Un marché est vite conclu avec les Chefs militaires du Nord, en particulier avec le général Florvil Hyppolite. [ Des armes et munitions sont fournies en abondance de l’argent est avancé. Hyppolite promet en ca de succès de céder aux Américains le Môle Saint Nicolas, position stratégique de premier ordre pour la surveillance et la défense du Canal de Panama ]. »

Il est temps pour vous, Ariel Henry, de comprendre qu’Haiti est une nation libre. D’ailleurs, l’article 1er de la Constitution l’indique. « Haïti est un pays indivisible, souverain, libre, démocratique et social ». Pour le bien de tous, Monsieur le Premier ministre, ne vous laissez plus dominer par votre esprit hautain et votre comportement anti-haïtien qui est bridé par une définition fantaisiste du mot « Chef » du gouvernement. Les Haïtiens en ont ras-le-bol. Vous ne servez plus à rien. Rendez-nous ce service, fermez la vanne de sang et cessez de nous faire compter des morts ! Au nom du peuple haïtien, faites vos valises. Pour une fois dans votre vie, faites preuve d’« humanité » !

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