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Affaire Jovenel Moïse : Léon Charles a participé dans l’assassinat de l’ex-Président

L’enquête concernant les circonstances entourant la mort de l’ancien Président haïtien Jovenel Moïse vient d’être bouclée lorsque le juge chargé du dossier a rendu son ordonnance, lundi 19 février 2024. Le juge d’instruction Walter Wesser Voltaire a présenté un rapport détaillé sur le procès interrogatoire de chaque personne ayant été suspectée dans l’assassinat de Jovenel Moïse. Le juge Voltaire a avéré, à travers son ordonnance, que l’ancien Directeur Général de la Police Nationale d’Haïti, Léon Charles, avait donné sa contribution dans cet assassinat en raison de sa passivité lors du drame, consistant à ignorer le S.O.S du défunt.

Les enquêteurs de la Direction de la Police Judiciaire ont déjà interpellé 44 individus
pour leur implication présumée dans la perpétration de l’assassinat du Président Jovenel
Moïse. Il s’agit d’au moins 20 Colombiens, 4 Policiers affectés au service du Corps d’Intervention de Maintien d’Ordre (CIMO), 2 Policiers de l’Unité de Sécurité Générale du Palais National (USGPN), 8 Policiers de l’Unité Sécurité Présidentielle (USP), 5 Policiers CATTEAM et 4 autres individus. 61 armes à feu de différents calibres ont été saisies et 8 véhicules confisqués.

Tous ces Policiers ont été sous le contrôle de Léon Charles qui, à l’époque, était le DG de la PNH, une institution ayant pour devise de « protéger et servir les vies et les biens ». Celui-ci avait choisi de trahir cette institution en qui la population n’a aucune confiance. D’après le juge d’instruction, Léon Charles avait conspiré avec les autres personnes complices de la mort du Président. Pour comprendre le degré de complicité de Léon Charles, il faudrait reprendre les déclarations des Responsables de Police concernant cet acte crapuleux.

L’Inspecteur Principal Paul Eddy AMAZAN, responsable de la CATTEAM, auditionné en date du 15 Juillet 2021 par la DCPJ, a expliqué avoir été informé du drame aux environs de 1 heure 45 minutes du matin par le biais de son collègue Willet CANGÉ. En route vers la résidence du Président, arrivé à proximité du Commissariat de Pétion-Ville, la zone a été déjà occupée par les forces de l’ordre y compris le Directeur Général Léon CHARLES. Aucun autre Policier, par conséquent, peu importe le niveau d’affectation, ne pouvait se rendre à la résidence du Président.

Bien entendu, à l’exception de Dimitri Hérard qui, lors de son audition, avait déclaré être arrivé sur les lieux 20 à 30 minutes après avoir été appelé par le feu Chef d’État, aux environs d’une heure 38 minutes, contacté préalablement par son collègue Jean Laguerre Civil. En voiture ou à moto, tenant compte de l’heure, d’ici 2 heures, il est fort probable que Dimitri Hérard ait laissé le Commissariat de Pétion-Ville, puisqu’il habitait à Péguy-Ville. Toutefois, un peu plus dans ses déclarations, il dit avoir été contraint par des agents de la DEA (Félix Badio), il a fait marche arrière.

Maintenant, seul l’Inspecteur Général André Vladimir PARAISON avait tout tenté pour sauver l’ancien Président. Selon l’ordonnance, Vladimir Paraison, auditionné le 18
juillet 2021, par les enquêteurs de la PNH, dit avoir reçu l’appel du Chef de l’État à 1 heure 46 minutes dans la matinée du 7 Juillet 2021. Le Président avait lancé des cris de détresse : « Paraison ! Mesye fè vit ! Mwen an difikilte ! Vini vit vin sove lavi m » ! Arrivé sur la route de Pèlerin, dans les parages de la résidence du Président, Vladimir Paraison a déclaré que des individus lourdement armés lui ont demandé de faire marche arrière prétextant que c’est une opération de la DEA.

À cet effet, Vladimir Paraison a expliqué qu’il a obtempéré à cette injonction et a pris la direction de Kenscoff, le temps pour lui de céder le passage aux hommes armés. Par la suite, pour pénétrer la résidence du Président. À l’entrée devant la guérite, le Responsable dit avoir vu des Policiers ligotés et ils n’étaient pas en mesure d’expliquer ce qui se passait. Progressant vers la résidence du Président, il a rencontré Martine Moïse ensanglantée avec une grosse blessure au bras droit. Pénétrant la chambre accompagné d’un fils de l’ex-Président, où il a constaté le Cadavre de celui-ci.

L’analyse des déclarations de Joseph Félix Badio a révélé que l’ancien Directeur Général de la PNH, Léon Charles, avait participé dans plusieurs réunions qui visaient le Président défunt. À ce stade, son rôle a été de mettre en exécution un mandat d’arrêt contre le Président Jovenel Moïse. C’est pourquoi, au moment du forfait, il n’était pas intervenu. Toujours d’après l’ordonnance du juge d’instruction chargé de l’enquête, ce qui est évident, le Président Jovenel Moïse avait lancé plusieurs appels de détresse à Léon Charles afin de lui sauver la vie. Il a été le 1er à être contacté par le défunt. Mais, ce dernier a plutôt permis la réalisation du forfait de l’ex-Président, lorsqu’il a occupé les routes de Pétion-Ville conduisant au domicile du défunt.

Mais bon, ça se comprend puisque même sa femme avait contribué à l’exécution de l’ancien Chef d’État haïtien, selon certaines révélations. « Jeantel Joseph souhaiterait avoir Smith Magny pour remplacer le Président, Renald Luberus voudrait avoir Valbrun Lyonel. Line Balthazar était pour Claude Joseph ou Martine Moise. Cette dernière voudrait également Claude Joseph, cependant, à condition de lui remettre le pouvoir après le gouvernement provisoire », avait déclaré Félix Badio.

Une fois le forfait réalisé, Gary Bodeau a appelé Anacacis et lui a dit : « Nou pran l nou pran l net », avait confié Joseph Félix Badio qui, un peu plus loin, a avoué avoir été sur place bien armé en tant qu’agent de la DEA. Il devait être présent pour s’assurer de la mort de Jovenel Moïse, parce que, le poste de Ministre de l’Intérieur lui était réservé après le magnicide. Dans ce climat marqué par la trahison, le juge d’instruction Walter Wesser Voltaire a demandé à la Police Nationale d’Haïti de procéder le plus rapidement possible à l’interprétation de Léon Charles qui a sali, de la plus ignoble des manières, l’image de l’institution policière.

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